Les tribulations d'un Québécois en Gaule

je n'ai pas eu le temps de terminer la première tranche la nuit dernière... d'où son absence ce matin... peut-être demain, va savoir

C’EST LE DÉPART

Mélu ne conduit pas. Bon, soyons précis. Elle ne conduit pas la voiture. Ne me demandez pas pourquoi, c’est elle qui en a décidé ainsi. Personnellement je préférerais qu’elle le fasse, mais bon, je ne lui casserai quand même pas un bras pour qu’elle prenne son permis de conduire. Je l’ai forcée, il y a quinze ou vingt ans à le prendre, ce qu’elle a fait. Puis elle l’a laissé aller à l’expiration. Il faut dire qu’ici, ce n’est pas comme en Europe : l’immatriculation d’une voiture doit être renouvelée à tous les ans; le permis de conduire doit, lui, l’être à tous les deux ans. Vous voyez bien que vous n’êtes pas les seuls à avoir un gouvernement mafieux qui vous saigne aux quatre veines...
Je disais donc que Mélu ne conduit pas. De la sorte, elle ne pouvait pas m’amener à l’aéroport, ou à PET, comme on dit avec un certain plaisir ici, PET (au passage, chez nous nous ne prononçons pas « pè » comme vous, mais « pette »). Non, nous ne faisons pas allusion aux flatulences  quant à l’appellation de l’aéroport de Montréal; quoique... En fait, il s’appelle Pierre-Elliott-Trudeau (j’ai beaucoup de difficulté à lui accorder des majuscules...) du nom d’un ancien premier ministre du Canada. Vous l’avez compris, avec un pareil nom, la mer** n’est pas loin! Mais je m’égare. PET  étant à quelque 125 ou 150 km de la maison, on oublie le taxi. Quant à l’autobus, dans un village comme le mien, c’est croire au père Noel que de s’imaginer que les transports sont développés chez nous. Pas d’autobus, donc.
C’est une de mes tantes, celle dont je parlais plus haut, que je perçois plutôt comme une grande soeur, qui s’est donné la tâche de m’amener jusqu’à Montréal. Je dis bien jusqu’à Montréal, pas jusqu’à PET. La circulation pour s’y rendre est hasardeuse, les indications sont mal données et la tarification pour le stationnement relève de l’arnaque. Même si c’est un stationnement de quelques minutes. Elle m’a donc amené jusqu’au terminus d’autobus de Montréal, d’où je peux prendre la navette qui se rend à l’aéroport, ce que je fis.
Plein comme un oeuf, l’autobus prend les virages abrupts et moi qui dois rester debout, tout en tentant de contrôler ma valise, je n’en mène pas large. Je ne sais pas ce qui m’arrive, je me mets à transpirer. Pas une petite transpiration, l’une de celles qui relèvent de l’effort physique intense. Bon, c’est vrai que je me démène pour rester debout, mais à vue de nez (pourquoi on dit « à vue de nez »? Je n’ai pas de globe oculaire dans le nez, moi!), ça ne me paraît pas suffisant. Qu’est-ce qui se passe? Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes de transpirer à ce point.
Il fait bon descendre de cette boîte de sardines en arrivant à l’aéroport. C’est froid. Même très froid. Mais je sais que c’est normal. Je me souviens à l’époque de mon service militaire, j’avais beau avoir chaud, sitôt que j’approchais des pistes d’atterrissage, je grelotais. Mon sergent m’avait fait remarquer l’absence d’arbres pour casser le vent. Et je constate que c’est effectivement venteux. Ce vent me fait du bien, mais en même temps, je constate que je continue à transpirer. La transpiration me coule le long de la colonne vertébrale. Ce n’est pas le temps de prendre du mal, j’entre donc et dépose ma valise par terre. Sitôt que je tire sur la sangle, le mousqueton se distend. Je me retrouve avec la sangle dans la main et ma valise se rebelle et refuse d’aller plus loin.
⎯ Hostie de câlice ! Ça commence bien...     (j’ai promis de dire la vérité, on ne pourra pas m’accuser de cacher mes véritables états d’âme...)
De « très » mauvaise grâce, j’attrape la poignée de cette %&@$+# de valise et je la hisse dans mes bras, exhalant du même coup, un mot qui rime avec ce verbe hisser. Oui, je sais, je pourrais prendre un charriot, mais je n’en vois aucun de disponible. Je ne transpire plus, j’ai l’impression d’avoir un robinet ouvert dans le dos. Mon t-shirt est détrempé, ma chemise me colle au corps. J’ai beau avoir pris une douche ce matin, j’en prendrais une autre sur le champ.
Je cherche un banc pour me reposer, j’ai peine à respirer, mais n’en trouve pas. Finalement, je décide de me rendre à un resto. Au moins je pourrai déposer ma valise et faire comme à la maison, me cacher le visage pour actionner ma pompe de nitro. C’est ce que je fais quand j’en ai la possibilité à la maison parce que si elle me voit avec cette pompe dans les mains, Mélu bloque mes activités pour un minimum de trente minutes. J’ai donc pris cette habitude, quand je le peux, de me cacher pour m’en servir. Si elle était là elle voudrait prendre la valise. Y a plus de trente ans que nous sommes ensemble, je commence à la connaître. J’ai quand même ma fierté, mer**!
Je mange en vitesse. Je ne sais d’ailleurs même pas ce que je mange, parce que j’ai l’impression que tout goûte la même chose; que ce soit du poisson, du poulet, du boeuf, du chou ou de l’oignon. On dirait de la nourriture d’hôpital, totalement sans saveur. Je parierais qu’on m’aurait servi un sandwich au tofu, ça aurait goûté exactement la même chose. Tout simplement infect Je suis un vieux modèle, du temps où le tofu ne remplaçait pas les vrais aliments. On n’aurait même pas donné ça aux cochons. Alors moi, je n’en mange pas.
Comme j’ai l’impression d’être en train de me déshydrater, moi qui refuse catégoriquement d’en boire, j’achète une bouteille d’eau. Je n’ai guère le choix, tout ce qu’ils ont, ce sont des boissons gazeuses, du jus d’orange et de l’eau. Je n’aime pas les oranges; comme je suis conséquent, je ne bois pas leur jus.
—Je vous entends déjà : « non mais t’as vu ce qu’il est capricieux? ». C’est faux! Je mange de tout! Exception faite de ce que je ne mange pas.
Il est à peine dix-huit heures, mon avion ne part qu’à vingt-trois heures trente-cinq. Je sais, j’aurais dû partir plus tard de chez moi. Mais Madeleine ma tante ne conduit pas de nuit... Je décide donc de m’enregistrer et de passer la douane. Ma bouteille d’eau est saisie, même si elle est encore vierge, non débouchée. On me dit que je n’ai droit à aucun liquide de plus de 100 ml. Pour l’eau que je bois, ils peuvent bien se la fou*** dans le *** (non je ne le leur ai pas dit!).
Le douanier ouvre mon bagage à main et découvre le  sac de mes bonbons comme j’ai pour habitude de les appeler, incluant devant mon pharmacien. Je regarde la tête du douanier qui regarde la mienne. Oui, je sais, ça en fait beaucoup. Mais si vous regardez bien, vous verrez la liste établie par mon pharmacien et tous sont prescrits par mon médecin. Suspicieux (c’est son droit puisque c’est son travail), Je suppute que ma transpiration y est pour quelque chose, le douanier regarde la liste, impressionné, avec l’air de celui qui se demande si je veux aller crever en France. Et pourtant, avec ce que je transporte, il serait en droit de se demander si je fais le trafic de médocs. Enfin il passe au suivant, je remballe mon fouillis et me dirige vers l’embarcadère auquel je suis attitré.
Je trouve une boutique hors taxe où on vend livres et journaux. J’achète un livre, la Prophétie des Papes, un roman de quelque 400 pages de Glenn Cooper. Ça me fera de la lecture pour tuer le temps en attendant l’heure de mon vol. Mais je déchante rapidement, j’ai oublié que je suis incapable de lire dans le bruit. J’ai besoin de quiétude. C’est au-dessus de mes forces, je suis totalement incapable de lire dans le bruit, si ce n’est pas de la musique, évidemment sans paroles. Je range donc mon bouquin et tuerai le temps en regardant agir et réagir les autres passagers de mon vol.
Plus ou moins cinq heures et demie à tuer le temps, seconde après seconde. Près de vingt mille secondes à assassiner. Et encore combien de gouttes de transpiration?

Ayai, j'ai tout lu turlututu...

Comme je ne sais que dire, je vais être désagréable !!!

P.. ta pompe à nitro, c'est de la bombe!!!

Mais c'est comme les addicts aux suppos de glycérine ( pas la nitro cette fois-ci !!!), une fois le premier plaisir passé, l'attente de la suite du road-moovie nous saisit.

Mais c'est comme pour le père Noël, c'est l'attente qui est excitante!!!

Frère Cadfael a écrit:Mais c'est comme pour le père Noël, c'est l'attente qui est excitante!!!

Oui, j'ai remarqué, hier, qu'en attendant la suite, vous vous donniez beaucoup de plaisir, pendant que moi je suais sang et eau
Quant à la pompe à nitro, j'aurais peut-être dû être plus explicite. Mon filleul aurait saisi, mais tous les membres du forum ne sont pas toubibs. J'ai un suivi médical pour problèmes cardiaques — ce qui, au demeurant, prouve bien que j'en ai un à moins que le suivi réside dans le fait que j'en sois dépourvu, là faudrait demander à mon médecin... — d'où la pompe de nitroglycérine. Au passage je souligne avant qu'on me le dise, que mon médecin devrait normalement suivre sa signature des lettres M.V.
J'ai un caractère de chien; j'ai des antécédents comme poulet; j'ai une tête de cochon et j'ai un front de boeu'

Le Passeur a écrit:
Quant à la pompe à nitro, j'aurais peut-être dû être plus explicite. Mon filleul aurait saisi, mais tous les membres du forum ne sont pas toubibs. J'ai un suivi médical pour problèmes cardiaques — ce qui, au demeurant, prouve bien que j'en ai un à moins que le suivi réside dans le fait que j'en sois dépourvu, là faudrait demander à mon médecin... — d'où la pompe de nitroglycérine. Au passage je souligne avant qu'on me le dise, que mon médecin devrait normalement suivre sa signature des lettres M.V.
J'ai un caractère de chien; j'ai des antécédents comme poulet; j'ai une tête de cochon et j'ai un front de boeu'

Et comme dit le proverbe, "IN NITRO VERITAS"...

je sais maintenant d'où te vient ce caractère "entier" dont tu aimes à nous servir l'explosivité....

Continue, notre ami car c'est comme ça qu'on t'aime.

Je connaissais les cerises "cœur de pigeon" mais maintenant je comprends mieux pourquoi il y a un noyau dur dedans !

Un récit tout  à fait délectable, mon cher Passeur, comme le laissait bien présager l'introduction qui l'a précédée ! 

Génial, je te vois dans chaque situation !

Après il y a l'avion et sa satanée climatisation... Bref, je me réjouis de lire la suite !

Merci de nous embarquer dans cette savoureuse aventure !

Quelle style, quelles descriptions... J'y étais ! Vivement la suite cher Passeur !

C'est sûr que c'est du vécu, avec ce petit plus...

Épique que la description de ce trajet de ton domicile à la porte d'embarquement, non pas que j'en ait transpiré mais je l'ai bel et bien ressenti ce sentiment d'oppression. Ce sentiment désagréable qui émerge petit à petit quand on sait que l'on va devoir subir des heures d'attente et d’inconforts les plus divers, pour finir engoncé dans une des ces bétaillères volante sans pouvoir même étendre ses jambes. Et je ne parle même pas du fait de ne pas pouvoir se fumer une bonne pipe pour se détendre, encore moins de se lancer dans pareille entreprise alors que l'on est entre de couver quelque chose.
Quel plaisir de se sentir happé dés les premières lignes lues, immergé dans l'environnement comme si on était avec toi, sacrée  %&@$+# de valise.

merci

Hostie d'Câlice d'valise de marde là !

little smoke a écrit:Génial, je te vois dans chaque situation !

Après il y a l'avion et sa satanée climatisation... Bref, je me réjouis de lire la suite !

Merci de nous embarquer dans cette savoureuse aventure !

L.S. ! Pas de spoil, bien que je sens que la suite sera particulièrement délectable

En revanche, je suis déçu d'apprendre que les Québécois ne portent plus tous des chemises à carreaux
Heureusement qu'ils restent tous des bucherons ! 

Au passage cher Passeur, connais tu Benoit le bienheureux ? Il a traversé la France et dresse de très jolis
portraits des régions qu'il visite.
Un autre Québécois envieux de visiter le vieux pays

Niconard a écrit:

little smoke a écrit:Génial, je te vois dans chaque situation !

Après il y a l'avion et sa satanée climatisation... Bref, je me réjouis de lire la suite !

Merci de nous embarquer dans cette savoureuse aventure !

L.S. ! Pas de spoil, bien que je sens que la suite sera particulièrement délectable

En revanche, je suis déçu d'apprendre que les Québécois ne portent plus tous des chemises à carreaux
Heureusement qu'ils restent tous des bucherons ! 

Au passage cher Passeur, connais tu Benoit le bienheureux ? Il a traversé la France et dresse de très jolis
portraits des régions qu'il visite.
Un autre Québécois envieux de visiter le vieux pays

Bien sûr que nous restons des bûcherons. On ne peut renier ni ses racines, ni sa souche!  La feuille qui renie ses racines est une feuille morte... et elles  se ramassent à la pelle
"Tous" serait un bien grand mot. Mais bien sûr que nous portons encore des chemises à carreau. J'en ai personnellement certainement une bonne demi-douzaine. Mais ce ne sont pas toutes des chemises rouge et noir. D'ailleurs, de ce modèle, personnellement je n'en ai pas.
Non, Benoît le Biennheureux, c'est un nom qui ne me dit rien.

@ Little Smoke: Tu l'as presque. Mieux encore, ton accent ressemble à celui de ma région natale, le Saguenay-Lac St-Jean. tu aurais dit "hostie de câlice de valise de marde lâ-lâ. Dans une telle expression, tout à fait plausible au demeurant, tu ne peux faire l'ellipse du e. C'est franchement DE; quant au «lâ-lâ», c'est un régionalisme, typique du Saguenay-Lac St-Jean. Pour boucler avec le propos de Niconard, je ne renierai certainement pas mes racines...

@ Niconard, voici une preuve, juste pour te faire plaisir:

Si j'passais six mois par chez toi, je serai un vrai québécois  !

Merci "Le Passeur" pour tes tribulations très agréables à suivre avec photo faisant foi. 

Eifelbauer a écrit:Merci "Le Passeur" pour tes tribulations très agréables à suivre avec photo faisant foi. 

Prépare-toi, des photos y en a à venir, dont la majorité n'a jamais été publiée.

Avec grand plaisir de voir tout cela cher "Le Passeur" 

Merci pour cette photo, elle appuie mes propos en beauté   
Et quel plaisir de voir ta trogne ! Bien qu'en théorie, voir le visage du Passeur ne soit pas un bonne nouvelle.

LES TRIBULATIONS D’UN QUÉBÉCOIS...AU PAYS DES RONFLEMENTS

Enfin l’embarquement est annoncé : les passagers d’Air Transat en partance pour Lyon sont priés de se présenter au quai d’embarquement Numéro... Oui, c’est mon vol. Si on peut arriver à Lyon... Je suis ce qu’on aurait tendance à qualifier de « gros fumeur ». Héritage de l’époque où, outre la bouffarde, je fumais des tueuses. Il n’était pas rare, pour moi, de fumer, outre une quantité astronomique de tueuses, mes bouffardes à répétition. Si j’ai mis de côté la tueuse depuis au moins 15 ans, sans jamais y revenir, il n’est pas rare que je fume de huit à dix bouffardes dans ma journée. Puisque ça m’a servi d’excuse auprès de l’orl et que lui a accepté le fait pour ne pas dire l’excuse, je me dis que c’est aussi valable pour les autres. Je ne fume pas par vice, c’est mon métier qui l’exige à toute fin pratique.
Et là, je sais que j’en ai pour minimalement quinze heures sans allumer une pipe. Je sens qu’avant longtemps, je vais arracher le papier peint dans l’avion. J’ai déjà nettement dépassé, en effet, ma période d’abstinence. Enfin, ce n’est pas un gros avion, un A-320. Mais ce n’est quand même pas une brouette. Je ne me souviens pas le numéro de mon siège. Tout ce que je sais, c’est que je suis juste derrière l’aile droite avant, le siège qui borde l’allée. Je précise l’aile droite avant, parce que si j’étais derrière l’aile droite (ou gauche) arrière, je serais dehors, ce qui n’est pas très commode pour voyager 9 heures d’affilée.
Heureusement pour moi, j’ai pris soin de m’acheter de la gomme à mâcher prévue pour  calmer une irrépressible envie de fumer. La pharmacienne voulait me vendre des pièces autocollantes. Je lui ai répondu que je ne voulais pas arrêter de fumer, je voulais juste me calmer, « parce que je dois prendre l’avion ». Je dois préciser, au passage, qu’une pharmacie nord-américaine n’a rien à  voir avec une pharmacie européenne. Bien sûr on y vend des médicaments comme chez vous. Mais on y vend aussi des cartes de souhaits, des produits de maquillage, le matériel d’hygiène dentaire, des produits d’entretien ménager et ne sont pas rares celles qui vendent des pièces de vêtements : chemises, jupes, écharpes et j’en passe.  Je me doute bien que pour vous c’et difficile à croire, mais certaines vendent même certains aliments en conserves. Eh oui, l’Amérique est une terre rongée par le capitalisme porté à son paroxysme. Et comme aucun Québécois ne me contredit, vous voyez bien que je ne dis que la vérité.
Revenons à nos moutons. J’ai, à côté de moi, une jeune femme, je dirais plus ou moins le milieu de la vingtaine et, à côté d’elle, côté hublot, une femme que je qualifierais de bien portante. Je dirais même très bien portante. Aux environs de 125 kg. Tout à tour, elle nous regarde, la jeune dame et moi, avec l’air de considérer que nos prenons beaucoup  de place. La pauvre jeune femme assez petite tente, tant bien que mal, de se caser entre sa voisine de droite et moi qui, je le reconnais, ne suis quand même pas petit. J’essaie, pour ma part, de la laisser respirer un peu en me poussant autant que faire se peut vers l’allée, sitôt que les gens ont fini de passer pour récupérer leur place respective. De l’autre côté de l’allée, un homme sort son journal grand format et le déplie pour en entreprendre la lecture qu’il m’offre en même temps, malgré lui puisque c’est lui qui a payé son journal auquel je n’ai pas contribué, malgré moi parce que je n’ai rien à faire de ses choix de lecture. C’est maintenant clair, il n’y a plus personne à embarquer l’avion est tellement plein que si on embarque ne serait-ce qu’une seule personne de plus, il faudra débarquer le pilote. L’appareil n’est en effet pas plein, il est bondé!
Je sors ma tablette quand j’entends les moteurs de l’avion accélérer et me berce au son de la musique de Morricone, récupérée sur youtube. Mes Iles-de-la-Madeleine me manquent et Le vent, le cri monté sur des images maritimes, de mouettes, des goélands maritimes, des albatros et des fous de bassan me transporte à toutes les fois que je l’écoute / regarde. Évidemment j’ai pris soin de mettre mes écouteurs, mais ma voisine scrute ma tablette du coin de l’oeil. J’enlève l’une des oreillettes et la lui propose, ce qu’elle accepte en me gratifiant d’un large sourire et d’un chaleureux « merci ». Le morceau terminé, elle me rend l’oreillette, me remerciant à nouveau et me confirme ce que je sais déjà, le mariage de ces images avec la musique d’Ennio Morricone est magistral.


J’ouvre une fenêtre internet et me branche sur la Noble Bouffarde au moment où le pilote annonce que nous avons atteint notre vitesse et altitude de croisière. Je songe avec amusement que notre forum n’a jamais atteint une telle altitude. Je n’hésite donc pas à poster un message en ce sens, mais n’arriverai jamais à savoir si ça a fonctionné parce que dans un premier temps je perds ma connexion et ne réussirai jamais à retrouver ce message. Qu’importe? Que vous ayez vu ou non ce message, je l’ai néanmoins posté. J’ai donc pensé à vous toutes et tous.
Je ferme donc la page puisque j’ai perdu la connexion, et enlève mes oreillettes pour constater, oh misère, que ça ronfle. Mais ça ronfle... et ça vient de tous les côtés. La « grosse » dame ‘voisine de ma voisine’, mon voisin avec la tête penchée vers l’arrière, un filet de salive qui descend le long de sa joue, filant jusque sur le parement de son veston,  ça ronfle tellement de partout que je commence à m’inquiéter. Et si le pilote ronflait également? Serions-nous l’objet d’un hypnotiseur auquel j’aurais miraculeusement échappé  grâce à mes oreillettes? Ma voisine dort également, bien qu’elle ne ronfle pas. Je me demande d’ailleurs comment elle y arrive dans un tel vacarme.
Je me sens, pour ma part, curieusement bouffi, congestionné. Il me faudra encore deux voyages d’avion pour prendre conscience que la climatisation de l’appareil est en cause. Mélu prétend que je ronfle, ce que je réfute catégoriquement. Preuve : à toutes les fois que je me suis réveillé pour vérifier, je ne ronflais pas. CQFD ! Mais, à tout hasard, je préfère éviter de dormir. Je remets donc les oreillettes et à nouveau j’ouvre ma tablette pour regarder la Trilogie Marseillaise en version originale, de laquelle je ne me lasse pas. J’ai vu différentes versions de cette Trilogie, avec  Daniel Auteuil, avec Roger Hanin, avec Raimu, pour ma part, il n’y a que Raimu qui compte. Dans mon optique, quel qu’il soit, quand tu as vu un film avec Raimu, aucune autre interprétation de son rôle, ne peut avoir d’importance. Certes c’est une affaire de goût, mais c’est mon opinion personnelle. C’est donc dans cette version que la Trilogie est dans ma tablette. De toute façon, je suis incapable de supporter Roger Hanin.
Tout ça me convient parfaitement, parce que je sais que, quand j’aurai terminé de visionner la trilogie, il fera clair Je ne pourrai toujours pas regarder par le hublot si nous sommes toujours au-dessus de la mer ou si nous avons atteint la France, sinon j’écraserais ma voisine, mais il fera clair... c’est clair. Ne me  restera plus que quelques heures  avant de descendre à Lyon. Je serai alors sur le sol français, accomplissant un rêve de quarante ans.

ouiiiiiiiiiii  ce récit va être du tonnerre!!!!

@ et en plus il aime Raimu

Attention ! Il va bientôt arriver !!!

Merci Passeur, c'est bien bon de te lire !

Un vrai bonheur que de lire ce récit, merci l'ami !

Pour sûr, ce n'est que du bonheur !