White Knight

Mon esprit ne peut se fixer sur un même sujet trop longtemps sans qu’il s’ankylose.

Les métiers se succèdent, les vies se multiplient,
de vastes champs imaginaires
où s’étend la culture des relations les plus expérimentales
occupent des hectares de cerveau - et l’existence se densifiant
de tous les ingrédients nouveaux
qui en font année après année
cette pâte personnelle,
en me regardant bien...
je me trouve de plus en plus chiant.


Le souvenir d’avoir été
garçon plus vif,
copain plus drôle,
meilleur camarade,
plus valeureux ami,
amant plus gaillard,
amoureux plus fou,
homme plus exemplaire,
père plus affectueux,
fils plus digne,
artiste plus distingué,
fumeur plus excentrique,
compagnon plus fiable,
complice plus téméraire,
frère plus sage,
vient me tourmenter.

Comme un randonneur parvenu à une impasse terminant le chemin forestier,
je questionne le chemin parcouru,
cherchant un signe qui pourrait me guider :
me faut-il retourner en arrière et retrouver la piste,
ou m’enfoncer dans l’inconnu en quête d’une nouvelle voie ?

Est-ce la faute à ces confinements, à cette nouvelle vie recluse, à un excès de bière Tagazou ?
Je n’en sais rien, mais…
le latakia, son œuvre et son fût, m’inspirent moins qu’avant.

Et pourtant, ce WhiteKnight mériterait une belle revue.
Allons-y !

Ce qui frappe, c’est la facilité avec laquelle ce tabac, qui se fume sans y penser, révèle ces excellentes notes d’encens et de pain grillé qui font mes délices.
C’est bien simple,
on se croirait à la consécration, mais avec
un grille-pain.

Le petit déjeuner continue avec un arôme de café léger, et là, mes amis, vous y êtes :
c’est la perfection du tabac pour pipes, il n’y a absolument rien à redire.
Ça sonne plat,
je sais,
mais je ne connais pas mieux.
Il y a
ce que je préfère dans le gris,
ce que je préfère dans le Semois,
ce que je préfère dans le Virginia
(et non, il n’y a pas cette douceur putassière du latakia, dont je ne retrouve pas le côté feu de camp que j’apprécie pourtant).

Puis, le tabac gagne en complexité.
Pour un esprit simple comme moi, c’est inutile, voire dommageable.
Je suis certain que les gens plus distingués trouveront, au contraire, que l’éventail (la palette?) bonifie l’ensemble – à vous d’en juger.

D’abord, c’est la terre qui se révèle doucement – voyez, ce goût terreux ? – puis, comme souvent, l’amande (ce qui, par expérience, est inévitable avec les latakiés même si j’ai l’impression d’être le seul gugusse à en parler).
J’ai pour habitude de différencier le goût de l’amande française et celui de l’amande espagnole ;
ici, c’est un entre-deux :
mi-turron mi-nougat (sans le sucre).

Vient ensuite le festival des épices qui souvent ruine le mélange anglais.
Ici, il s’agit de senteurs étonnantes à la limite des plantes et fleurs aromatiques.
Pour moi, ça frise le défaut, mais pourquoi pas ? L’ensemble reste cohérent et harmonieux.

D’ailleurs, le latakiophile pourrait reprocher au WhiteKnight un manque de fumé :
nous restons sur le grillé, voire le torréfié.
Le même qui aime les tabacs liquoreux devra se contenter
de crémeux.

D’ailleurs, à propos de crémeux, je lui trouve aussi un goût assez particulier, en fin de bol, qui pourrait se rapprocher de la sauce champignons à la crème.
Spontanément, j’étais parti sur un fromage
typé Maroilles…
et je conserve cette idée,
que j’aime bien.

Ceux qui me connaissent bien savent qu’il manque une saveur, et que ça me va très bien.
Il n’y a pas cette foutue réglisse qui écrase tout.

La revue n’est pas terminée,
mais la boîte est déjà vide :
tout mot supplémentaire est superflu.

BobyLaGanache a écrit:Tu n'aime pas le réglisse/cachou?

Pour un Toulousain, ce serait un comble...

J'aime bien Cachou, mais, dans les tabacs latakiés, je trouve que ça casse l'odeur de grillé.