LA CONSCIENCE DE JAHA 1 L'ILLUSTRATION EST DE BRASE D'ANJOU

Jaha est rentré chez lui directement après la fin de la grande prière du vendredi.
Il n’est pas allé au café retrouver ses amis, boire un thé et fumer un narguilé pour savourer la paix de sa conscience après avoir prié Allah.
 
Jaha est assis sur son divan.
Il a allumé sa chibouque. Demandé à sa femme de lui servir du thé bien fort.
Installé sur son divan, il réfléchit.
Et quand Jaha réfléchit cela demande beaucoup de fumée.
Il s’en occupe personnellement.
Beaucoup de thé fort.
Son épouse est chargée de cette partie du programme.
Un simple geste du bout du tuyau de la chibouque suffit à faire arriver un nouveau verre de thé.
Jaha fume.
Jaha boit du thé
Jaha réfléchit
Cela fait beaucoup de fumée.
Cela fait beaucoup de thé.
Pas de loukoum.
Jaha n’a pas faim.
La veilles Jaha a réservé des rouleaux de tissu pour les uniformes des gardes et des serviteurs du Bey à un capitaine de felouque arrivé l’avant-veille de Bassorah.
Il doit les récupérer avant la grande prière du vendredi prochain.
Cela ne le préoccuperait pas s’il disposait de l’argent nécessaire pour payer les tissus.
Mais pour l’heure ses réserves financières sont au plus bas.
Les paiements qu’il attend…se font attendre.
Il n’est pas inquiet sur ce point: il sait qu’il sera payé par ses clients, qui sont aussi des amis.
Mais rien ne lui permet d’être sûr que ce sera avant Al Khamis (jeudi) soir.
Et s’il ne peut pas enlever les tissus , autrement dit les payer, le capitaine l’a averti qu’il a d’autres acquéreurs.
Il lui fait une faveur en les lui gardant parce que Jaha est un ami et qu’il ne lui a jamais fait faux-bond par le passé.
Le voilà donc doublement soucieux.
Il craint de perdre une bonne… très bonne affaire. Mais surtout de perdre la confiance du capitaine pour l’avenir. Et donc de perdre d’autres bonnes affaires.
Voilà pourquoi
Jaha est assis sur son divan.
Il a allumé sa chibouque.
Demandé à sa femme de lui servir du thé bien fort.
Installé sur son divan, il réfléchit.
Et quand Jaha réfléchit….
Vous savez tous ce qu’il se passe...
L’heure avance, sa femme s’avance aussi et lui dit que le déjeuner est prêt.
Elle a préparé un couscous.
A sa grande surprise Il lui répond qu’il n’a pas faim et lui demande de ne pas le déranger.
Elle repart. Inquiète.
Elle a beau chercher dans sa mémoire, elle ne se souvient pas d’un jour où, même malade, son mari lui a dit qu’il n’avait pas faim à l’heure des repas.
Ce serait plutôt l’inverse : Il se gave souvent de loukoum en tirant sur sa chibouque.
La voilà donc inquiète mais surtout désorientée.
Elle ne sait pas quelle attitude adopter avec son mari… et avec le couscous.
Manger seule ? Il risque de se fâcher s’il change d’avis et vient la rejoindre à table.
Ne pas manger ? Ne sachant pas pourquoi il n’a pas faim, elle, a bien faim.
Elle se décide pour une tentative détournée :
Elle lui apporte du thé et… une boîte neuve de loukoum.
Elle pose le tout sur la table basse devant lui sans un mot et repart vers la cuisine.
Elle laisse passer un moment puis revient jeter un œil depuis la porte du salon :
Le verre de thé est plein et il ne manque pas un seul loukoum dans la boîte.
Convaincue que quelque chose de très grave est arrivé – c’est la seule explication logique qu’elle trouve au comportement de son mari - elle s'approche et ose lu demander ce qu’il se passe.

William, une petite question pour notre culture pipesque  

Une Chibouque est une longue pipe (comme illustré), ou est-ce un genre de Narguilé ?



Et bien sûr on attend la suite de l'histoire...  

Brase d'Anjou a écrit:William, une petite question pour notre culture pipesque  

Une Chibouque est une longue pipe (comme illustré), ou est-ce un genre de Narguilé ?



Et bien sûr on attend la suite de l'histoire...  

La chibouque est bien une pipe assez longue. Il yen a de trè longues comme celles de la photo et d'autres qui sont beaucop plus courtes (40cm environ) s'apparentent un peu nos liseuses. On y fume du tabac. Qui peut être aromatise
Le narghilé est différent. C'est une pipe a eau ou la fumée passe dans un grand bocal en verre contenant de l'eau généralement parfumée (eau de rose ou autre) pour la refroidir. On y fume un mélange pâteux pour la plus grande part composé de mélasse et de tabac. Le tabac n'en représente qu'une partie. En général moins de la moitié. On allume le mélange à l'aide d'un morceau de charbon incandescent pour chauffer la pierre du fond avant de placer le tabac.
C'est une opération assez longue et qui n'est pas facile à réaliser.
Je n'ai jamais réussi à en allumer un!
La chicha est en général fumée au café (où on la prépare pour le client) ou dans les réunions où un employé les prépare.
Jaha va au café quand il veut fumer le narghilé.

La longueur du tuyau de la chibouque permet à la fumée de se refroidir un peu. Bien sûr il y manque les parfums de l'eau du bocal du narghilé. Mais on y fumait (et on y fume encore) des tabacs très doux (les fameux tabacs d'orient) et souvent sucrés et aromatisés. Mais elle est compliquée à fumer en promenade! C'est une pipe "assise" ou allongé sur le divan.

En plus c'est didactique, merci