Re: Les histoires de Jaha

Sesomiris Mar 7 Sep 2021 - 16:10

شكرا على هذه القصص التي تفوح منها رائحة الشاي والمعجنات والتبغ من الشرق

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roark Mar 7 Sep 2021 - 17:18

Sesomiris a écrit:شكرا على هذه القصص التي تفوح منها رائحة الشاي والمعجنات والتبغ من الشرق

william1941 Mar 7 Sep 2021 - 18:34

roark a écrit:
Sesomiris a écrit:شكرا على هذه القصص التي تفوح منها رائحة الشاي والمعجنات والتبغ من الشرق

(Plaisir partagé) إنها متعة مشتركة
Mais il va peut-être falloir traduire si l'on ne veut pas être signalés au parquet anti terrorisme!

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Jaufré Cantolys Mar 7 Sep 2021 - 20:21

Inch'allah.
Merci William pour cette fable édifiante - dont notre La Fontaine s'est certainement inspiré pour écrire "Le laboureur et ses enfants"

Pipedelacountea Mer 8 Sep 2021 - 14:06

en hiéroglyphes j aurais mieux compris Very Happy

william1941 Sam 11 Sep 2021 - 0:04

TAMERLAN

Jaha avait réuni quelques voisins pour leur raconter cette histoire.
Un de ces ancêtres habitait Samarkand du temps de Tamerlan.
Il s’adressa à eux installés sur des poufs qui comme lui buvaient du thé, fumaient leur chibouque et mangeaient des loukoums.
Il avait pris un air lointain. Installé sur son divan.
« Pour bien comprendre ce que je vais vous raconter il faut savoir que l’un de mes ancêtres habitait Samarkand.
Et ce qui suit s’est passé du temps du grand Tamerlan. »
Là, il s’interrompit. Promenant un regard fier sur ses amis il lança :
« Oui ma famille est une vieille et noble famille. Elle plonge ses racines au cœur même de l’Empire de notre Vénéré Sultan, qu’Allah le protège »
Il regarda à nouveau ses amis pour juger de l’effet de cette déclaration.
Les loukoums étaient excellents.
Le thé était parfait.
Les poufs confortables.
Le tabac, que Jaha offrait, parfumé.
Ils prirent tous l’air attentif, intéressé, intrigué et admiratif qui convenait à la situation
Tous sauf un.
Son vieil ami Ali se leva secoua lentement la tête et lui dit :
« Excuse-moi, Jaha. On m’attend. Je n’ai pas le temps de t’écouter. »
Et il quitta la maison.
Jaha reprit :
« Comme je vous l’ai dit mon ancêtre se trouvait à Samarkand en même temps que le grand Tamerlan.
Celui-ci était réputé pour sa cruauté. Faisant voler les têtes pour un oui pour un non.
Quand il devait passer quelque part, tout le monde se sauvait avant son arrivée de peur de subir son humeur.
Mon ancêtre disait toujours qu’il ne s’écarterait pas devant Tamerlan lui-même.
Sa vantardise finit par arriver aux oreilles de Timour.
Il ordonna qu’on lui amène cet homme assez fou pour le provoquer ainsi.
Des soldats vinrent pour emmener mon ancêtre.
Il leur dit : « Allez dire au grand Tamerlan que s’il vient jusqu’à moi, il assistera à trois miracles.
Un des soldats partit rapporter ces paroles à Timour.
Les autres gardèrent mon ancêtre pour qu’il ne s’enfuie pas.
Ils se moquaient de lui et le traitaient de fou et d’inconscient. Lui prédisaient des morts atroces.
A leur grande surprise ils virent arriver l’escorte de Tamerlan. Puis Tamerlan lui-même.
Il s’avança vers mon ancêtre et leva son cimeterre.

« Eh bien, ces miracles?
Si tu t’es moqué de moi tu vas le payer très cher »
Mon ancêtre ne tremblait pas. Au contraire. Il souriait
« Alors? je n’attendrai pas ! »
Mon ancêtre regarda Timour et lui dit
« Le premier miracle est que ce soit toi Grand Tamerlan qui soit venu jusqu’à moi simple commerçant de cette ville »
Tamerlan fronça les sourcils et leva son cimeterre. Puis il se ravisa.
Il n’était jamais venu à la rencontre d’un simple habitant. On les lui amenait toujours. Et plutôt morts de peur que vifs.
« Admettons. Le deuxième miracle ? »
Dit-il sur un ton un peu moins violent
« Le deuxième miracle Grand Tamerlan c’est que tu m’écoutes avec attention »
Tamerlan, posa la pointe de son cimeterre sur la poitrine de mon ancêtre.
Puis il dit
« Quel est donc ce troisième miracle. Ta tête ne tient à ton cou que par sa valeur. »
Mon ancêtre écarta d’une main ferme le cimeterre de sa poitrine et regarda Timour droit dans les yeux.
« Le troisième miracle Ô Grand Mogol, est que malgré ta réputation, ma tête soit encore sur mes épaules.
Mon ancêtre ne baissa pas les yeux.
Il y eut un long silence.
Autour de lui les soldats s’étaient écartés. Attendant de voir voler la tête et gicler le sang de ce fou inconscient qui avait osé défier Timour.
Brusquement, Tamerlan éclata de rire :
« Tu es un des rares courageux que j’ai rencontré depuis longtemps. »
Puis mettant la main à sa ceinture il en détacha une superbe bourse en cuir pleine de pièces d’or et la lança à mon ancêtre en lui disant :
« Comment t’appelles-tu
- Jaha, Grand Tamerlan
- Jaha, je ne sais si tu es fou ou particulièrement vaillant mais je te le dis : Ne tente pas ta chance une autre fois:
Les têtes ne repoussent pas ».
Tous les convives le félicitèrent d’avoir eu un ancêtre aussi courageux.
Les loukoums étaient finis
Le tabac aussi.
Le thé été froid dans la théière.
Ils le quittèrent et sortirent de sa maison en devisant.
Jaha devina bien quelques sourires, mais il n’en dit rien.
Quand ils furent parti sa femme vint le rejoindre
« Jaha, pourquoi as-tu raconté cette histoire rocambolesque ?
Tout le monde sait que ton grand-père est arrivé ici sur un âne qu’il avait volé à son père quand celui-ci l’a chassé de sa maison pour lui avoir dérobé de l’argent.
Ils se moquent tous de toi. »
Jaha regarda sa femme et lui dit :
« Je sais tout cela femme.
Tous sont restés. Sauf Ali.
Lui seul m’a montré du respect.
Lui seul est un véritable ami.
Les autres ont supporté mon histoire idiote juste pour pouvoir se gaver de mes loukoums, fumer mon tabac et boire mon thé.
Ce ne sont pas des amis
Mais pense à ce que je pourrai obtenir d’eux avec de l’argent sonnant et trébuchant si un jour cela peut m’être utile.

Sesomiris Sam 11 Sep 2021 - 14:41

Surprenante histoire, merci William.
D'abord l'histoire inventée par Jaha a toute la saveur d'un conte des Mille et une nuits.
Puis comme une rupture à laquelle on ne s'attend pas,
la fin me fait davantage penser à cette fable de La Fontaine :

PAROLE DE SOCRATE

            Socrate un jour faisant bâtir,
            Chacun censurait son ouvrage.
L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
            Indignes d'un tel personnage ;
L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis
Que les appartements en étaient trop petits.
Quelle maison pour lui ! L'on y tournait à peine.
            Plût au Ciel que de vrais amis,
Telle qu'elle est, dit-il, elle pût être pleine !
            Le bon Socrate avait raison
De trouver pour ceux-là trop grande sa maison.
Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose.
            Rien n'est plus commun que ce nom ;
            Rien n'est plus rare que la chose.

Brase d'Anjou Sam 11 Sep 2021 - 15:14

Pas l'air fin ce Grand Tamerlan !!

"Il s’avança vers mon ancêtre et leva son cimeterre."

william1941 Sam 11 Sep 2021 - 15:55

Brase d'Anjou a écrit:Pas l'air fin ce Grand Tamerlan !!

"Il s’avança vers mon ancêtre et leva son cimeterre."

Pas l'air très aimable non plus!
Merci Brase

william1941 Dim 3 Oct 2021 - 23:18

Jaha ne mêle pas l’argent et l’amitié

La femme de Jaha lui dit
« Jamel va venir te demander de l’argent.
- Comment le sais-tu ?
- J’ai parlé avec la femme d’Ali .
- Et alors ?
- Elle venait de chez Selim
- Et alors ?
- Et alors, la femme d’Ali m’a dit que la femme de Selim lui avait raconté que la femme de Jamel lui a confié que son mari pensait venir te voir pour te demander de l’argent.
- Attends un peu que je remette tout cela à l’endroit
La femme de Jamel a dit à la femme de Selim que son mari veut venir me demander de l’argent.
La femme de Selim l’a raconté à la femme d’Ali.
Et la femme d’Ali t’a rapporté ce que la femme de Jamel avait confié à la femme de Selim.
C’est bien ça ?
- Je ne sais plus.
- Comment tu ne sais plus ?
- Tu embrouilles tout. La chose sûre c’est que Jamel va venir te demander de l’argent
- Et bien je lui dirai que je n’en ai pas.
- Il ne te croira pas. Il sait très bien que tu viens de réussir plusieurs bonnes affaires.
- Bien sûr !
Tu vois les conséquences de tes bavardages avec tes amies ! Maintenant Jamel va me demander de l’argent!
Décidément les femmes vous n’êtes bonnes qu’à créer des problèmes.
Prépare-moi du thé et des loukoums. Je dois réfléchir. »
Jaha se rend dans le grand salon et s’installe sur le divan.
En attendant le thé et les loukoums il garnit sa chibouque de bon tabac d’orient.
Il lui faut trouver un moyen de se sortir de ce mauvais pas dans lequel les bavardages de sa femme l’avaient mis.
Bien sûr quelque part dans un recoin éloigné de son cerveau, il sait bien qu’il est un peu de mauvaise foi.
Mais l’idée de devoir régler une difficulté dans laquelle sa femme l’a embarqué, l’aide à réfléchir sainement.
La chibouque fume.
Le thé commence à refroidir.
Les loukoums sont finis.
Jaha réfléchit toujours.
Petit à petit un sourire rusé anime sa bouche.
Il se lève enroule son tarbouche et place son burnous sur les épaules car il fait frais en ce début de mois de Janvier.
Sa femme le voit près de la porte
«Tu sors?
- Je sors. Ça ne se voit pas ?
- Mais il n’est pas trois heures
- Je le sais. Espérons qu’il n’est pas trop tard pour réparer tes sottises »
Et avant que son épouse n’ait eu le temps de répondre il sort et ferme la porte.
D’un pas guilleret il se dirige vers la maison de Jamel
Celui-ci est devant sa porte.
« Bonjour Jamel. Je venais te voir.
- Entre Jaha. Justement je voulais moi aussi te rendre visite. »
Une fois installés dans le salon de Jamel et après que sa femme leur ait servi le thé, Jaha s’empresse de prendre la parole
« Décidément toutes ces histoires de bonnes femmes deviennent pénibles
- Que veux-tu dire ?
- Tu n’es pas au courant ?
- Au courant de quoi.
- Eh bien la femme de Selim a raconté à la femme d’Ali, qui bien sûr c’est empressée de le répéter à la mienne,
que Selim était venu te demander de l’argent et que tu avais refusé.
- Mais je…
- Note que je te comprends. Tu as eu raison. Il ne faut pas mêler l’argent aux relations amicales.
Et c’est bien ainsi que je pratique avec mes amis.
Moi aussi, si Selim m’avait demandé de l’argent, eh bien j’aurais agi comme toi.
J’aurai refusé. »
En disant cela Jaha regarde Jamel droit dans les yeux.
Il boit un peu de thé, enfourne un loukoum.
« Je suis heureux de voir que nous avons le même avis sur ce sujet. Il ne faut jamais mêler l’argent et l’amitié».
Sur quoi Jaha se lève, reprend son burnous et se dirige vers la porte.
Au moment de sortir il dit : « Tu as dit que tu voulais me rendre visite.
Viens quand tu voudras Jamel.
J’ai toujours plaisir à discuter avec un ami qui partage mes idées. »
Arrivé chez lui, sa femme lui demande d’où il vient.
« Ne compte pas que je te le dise.
Il me faudrait t’enfermer pour que tu n’ailles pas le raconter aux autres commères que tu fréquentes.
Et j’ai assez de problèmes à cause de vos bavardages pour ne pas te donner l’occasion d’en ajouter.
Apporte-moi plutôt du thé et des loukoums.
Et n’en enlève pas la moitié de la boîte pour essayer de me rationner. »
Jaha enlève son burnous et son tarbouche et s’installe sur son divan.
Il garnit sa chibouque et commence à tirer quelques bouffées.
A ce moment sa femme lui apporte le thé et une boîte de loukoums…complète.

Il sirote un peu de thé. Saisit un loukoum.
Il pousse un grand soupir et murmure :
« Décidément les bonnes choses sont meilleures quand on n’a plus à réfléchir »

Brase d'Anjou Dim 3 Oct 2021 - 23:36

"A ce moment sa femme lui apporte le thé et une boîte de loukoums…complète."

Bon appétit Jaha ! Wink

william1941 Lun 4 Oct 2021 - 0:26

Brase d'Anjou a écrit:"A ce moment sa femme lui apporte le thé et une boîte de loukoums…complète."

Bon appétit Jaha !

Merci brase.
Il va se goinfrer l'animal
Mais avouons qu'il le mérite!

Jaufré Cantolys Lun 4 Oct 2021 - 19:24

Je retiens cette idée qui me paraît feconde:
[size=36]l’idée de devoir régler une difficulté dans laquelle sa femme l’a embarqué, l’aide à réfléchir sainement.[/size]
[size=36] Wink

[/size]

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