Re: La dernière cigarette du condamné

nico onoko Mar 26 Fév 2019 - 10:01

Personnellement j’accepterais la cigarette. Ma raison est que fumer la pipe, c’est apprendre à vivre. C’est apprendre à jouir du temps qui passe pour lui-même, pour le plaisir qu’il procure, pour le plaisir pur d’exister.

Or à l’heure de mourir il n’est plus temps d’apprendre à vivre : il faut apprendre à renoncer. Le temps devient précaire et irréversible. Au moment de « casser sa pipe », bien sot celui qui s’y attache!

Mieux vaut fumer la cigarette : elle, au moins, à l’image de nos derniers instants, se consume sans laisser de trace. Chaque seconde qui passe - chaque centimètre qui se consume - nous prépare à l’extinction.

C'est merveilleusement dit. Et tellement juste à mon sens.

Moi aussi je prendrais la clop.

bob-letanj Jeu 28 Nov 2019 - 19:29

Pourquoi je ne retournerai pas à la cigarette...
Dans la vie j'ai tendance à être speed et sans modération. Je fumais ainsi énormément de cigarettes roulées toute la journée sans même les apprécier. L'une après l'autre je debitais un paquet de 30g de tabac Pueblo en une journée ou deux. Ce n'était absolument pas un plaisir mais une contrainte.
Maintenant rentré dans le monde de la pipe, j'apprends en quelque sorte à vivre plus lentement. A savourer chaque pipe, à les espacer pour en profiter au maximum. Ainsi, au début je pensais que j'aurai besoin de 6 ou 7 bols par jours mais non j'en fume trois ou quatre, parfois même deux seulement. J'apprends la modération et le plaisir des petites choses, le bourrage et la préparation de chaque pipe, tranquillement. Ainsi j'espace au maximum mes pipes pour en profiter au max.
C'est tout vu, je ne repasserai pas à la cigarette

Jaufré Cantolys Jeu 28 Nov 2019 - 21:36

bob-letanj a écrit:Pourquoi je ne retournerai pas à la cigarette...
Dans la vie j'ai tendance à être speed et sans modération. Je fumais ainsi énormément de cigarettes roulées toute la journée sans même les apprécier. L'une après l'autre je debitais un paquet de 30g de tabac Pueblo en une journée ou deux. Ce n'était absolument pas un plaisir mais une contrainte.
Maintenant rentré dans le monde de la pipe, j'apprends en quelque sorte à vivre plus lentement. A savourer chaque pipe, à les espacer pour en profiter au maximum. Ainsi, au début je pensais que j'aurai besoin de 6 ou 7 bols par jours mais non j'en fume trois ou quatre, parfois même deux seulement. J'apprends la modération et le plaisir des petites choses, le bourrage et la préparation de chaque pipe, tranquillement. Ainsi j'espace au maximum mes pipes pour en profiter au max.
C'est tout vu, je ne repasserai pas à la cigarette

Je comprends ta réponse Bob. Mais il faut remettre la question dans son contexte: le bourreau va bientôt te couper la tête. Il ne s'agit donc plus de "vivre lentement" mais de "vivre vite". Ni de s'attacher à la vie mais d'y renoncer. C'est pourquoi, je pense, j'accepterais la dernière cigarette.

bob-letanj Jeu 28 Nov 2019 - 21:56

Oui c'est vrai que mon post était un peu sortit du contexte. C'était un truc personnel

Sesomiris Dim 11 Sep 2022 - 14:22

Jaufré Cantolys a écrit:La dernière cigarette

Au condamné à mort, dans l’aurore blafarde,
Le bourreau présenta l’ultime cigarette.
Mais il la dédaigna, réclamant sa bouffarde.
On la lui refusa, et lui coupa la tête.

Que ce quatrain puisse lancer le débat:
En tant que membre de ce forum, si vous aviez été à la place du condamné, auriez-vous accepté-vous la cigarette ? Ou l'auriez-vous refusée au motif que vous ne fumez que la pipe?

J'ai mon avis sur la question, mais j'attends le vôtre!
PS: Surtout ne répondez pas avant d'avoir bourré une bonne pipe...

Une seule réponse s'impose, à mon avis, il faut réclamer une dernière pipe,
comme dans ce conte d'Andersen Wink

https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_d%E2%80%99Andersen/Le_Briquet

william1941 Dim 11 Sep 2022 - 15:08

Sesomiris nous ramène sur ce fil que je ne connaissais pas.

Jaufré, comme toujours, tend, sous une forme très forte un de ces pièges philosophiques dans lesquels l'humanité se débat depuis toujours:
L'effet de la certitude d'une mort prochaine et inéluctable.
La question n'est pas que: choisiriez-vous? Mais qui seriez-vous à cet instant là?
Personnellement je ne le sais pas.
Ma réponse serait donc celle que je ferais dans l'état psychologique où je pense MAINTENANT que je serais à cet instant-là.
Jaufré tu nous proposes de choisir de jouir d'un plaisir jusqu'au dernier instant de la vie.
Sorte de Félix (qui lui ne savait pas qu'il allait mourir inexorablement)
Le résultat que tu nous donnes: Une dernière frustration!
La durée, l'instant, Bergson ou Aristote? Aristote ou Bergson
Pour moi, là, avec ma pipe en route, mon café et mon whisky (qui n'est pas le dernier verre du condamné - Enfin je l'espère - en tout cas je ne l'ai pas préparé comme tel), j'ai envie de répondre:
"Carpe diem, quam minimum credula postero"

Jaufré Cantolys Dim 11 Sep 2022 - 19:38

Il y a une scène très forte, à la fin du fil "L'armée des ombres" avec Lino Ventura, qui peut nous inspirer une réponse à la question.

Contenu sponsorisé