Les tribulations d'un Québécois en Gaule

Appelons ça, si vous voulez, un préambule, ou une mise en contexte...

Je ne sais plus trop bien, il y a si longtemps que je rêvais de visiter la France! Pourquoi la France et pas Tombouctou, le Japon, ou mieux encore, Jupiter?  Je ne le sais pas. Ou plutôt, je ne le sais plus.
Je devais être adolescent (c’est dire s’il y a longtemps!) quand cette idée m’est passée par la tête. Je ne savais évidemment pas qui j’y rencontrerais, ni vers quelle région j’allais me diriger. Tout au plus je savais que je voulais y aller.
Il n’y avait tout de même pas de quoi pavoiser, parce que c’était l’époque où une certaine catégorie de Français débarquaient chez les barbares (c’est à dire chez nous) pour nous montrer ce qu’était la Civilisation, la vraie, la leur. Un peu comme les missionnaires venus évangéliser les «sauvages» que nos ancêtres étaient. Prétentieux, pédants,  arrogants, eux qui arrivaient de la Civilisation avaient évidemment tout vu, tout connu, alors que nous, ignares, savions à peine que nous respirions. Ils venaient, comme au XVIIe siècle, nous vendre la civilisation, payer nos trésors avec des verroteries. Ce n’était pas sans raison qu’on les appelait alors «maudits français».
-- Chez-nous nous avons la tour Eiffel... vous savez!
-- Pis après? Nous autres on en a par milliers. Sauf qu’on appelle ça des pylônes!


Ce sketch d'un de nos groupes-culte d'humoristes des années '60 vous en donnera une idée; c'est entre 5 minutes 15 et 5 minutes 45.
Pour aucune raison au monde je n’aurais répondu autre chose, alors, quand on me demandait ce que je trouvais si intéressant à visiter la France que « pour aller voir s’ils sont s’ils sont aussi intelligents que ça ». Avec le temps, une autre catégorie de Français a commencé à traverser la Grande Mare et les tensions se sont amenuisées. Faut dire que la France nous avait passablement « maganés » comme on dirait chez nous, avec Louis XV qui, en dépit des législations auxquelles il était soumis en tant que souverain, nous avait abandonnés, avec Jean-Marie Arouet le sieur Voltaire, qui se demandait ce qu’on pouvait bien tirer de ces « quelques arpents de neige » (comme si la France n'avait pas déjà largement soutiré de la sueur des "sauvages" et des sujets de sa majesté) et autres qui croyaient encore tout récemment que nous roulions sur l’autoroute en calèche, en chemise à carreau et avec le bonnet de fourrure à la Davy Crocket sur la tête.
Je ne disais donc pas ce que je voulais voir en France et, puisque j’ai promis l’intégrité, j’avoue que je ne savais pas moi-même. Ou si je le savais, je n’en ai pas souvenir. En fait, c’est graduellement que je l’ai appris, que j’ai entrepris de me faire une liste. Évidemment, cette liste c'est dans ma tête que je la faisais, pour éviter d’être l’objet de sarcasmes de mon entourage. J’ai tendance à être timoré. Je suis plutôt réservé, sensible et... enfin, je ne vous ferai pas le curriculum vitae de mes états d’âme.
J’ai maintenant assez tourné autour du pot, arrivons-en donc au cœur du sujet. J’ai continué à parler de ce projet, mais plus j’en parlais, plus je prenais conscience qu’il ne se ferait pas, à mon grand désespoir. C’était particulièrement le cas, d’ailleurs, lors de conversations avec l’époux d’une de mes tantes, lequel était originaire de Rouen.  Au passage, dans la langue québécoise, en pareil cas, je veux dire l’époux d’une tante est un oncle. Ce n’est pas juste l’époux de... De toute façon, dans le cas qui nous occupe, c’était même plus que mon oncle, c’était en outre le père que je n’ai pas eu. Quand je parlais de la France avec lui, j’avais l’impression d’être sur place avec lui, qu’il me tenait lieu de guide touristique. Malheureusement, il est décédé en 2003.
À quelques jours près, dix ans plus tard, j’ai reçu, à la mi-mai, un courriel de Pierre Morel  dans lequel il m’annonçait, de but en blanc (ceux qui le connaissent savent qu’il n’est pas homme à tourner autour du pot, qu’il va droit au but) qu’il voulait me parrainer pour mon entrée à la Confrérie lors de l’intronisation d’octobre. Tellement étonné, à la lecture de ce courrier, que j’ai appel Mélu. Quand elle s’est approchée, incapable de parler, je me suis contenté de lui montrer l’écran de l’ordi.
Je n’avais rien de préparé, mon passeport était échu depuis deux ans, je devais aller me faire photographier, demander à l’état civil une preuve de citoyenneté... Pas besoin de vous expliquer les méandres administratifs... je me contenterai de vous dire que ce sont des fonctionnaires! Comme je n’avais pas de voyage autonome à mon actif, j’ai fait affaire avec une agence de voyage pour acheter mes billets d’avion.
Enfin, le mercredi 2 octobre arrive et, grâce aux bons soins de Mélu, ma valise est prête et moi aussi. Après quelques caresses aux chats, quelques recommandations à mon petit chien qui n'en fera quand même qu'à sa tête... Eh, oh!, les voyeurs, tournez-vous!!!

Je sens que nous allons nous régaler

Oui, beau début . J'ignorais que c'était Pierre Morel ton parrain . Tu peux être fier , vraiment

Cette mise en bouche lui donne l'eau pour connaître la suite !

Oh là là quel régal, ton préambule préfigure déjà de la beauté de la narration de cette épopée, tes écrits coulent sous mes yeux telle l'eau douce et fraiche d'une source coulerait dans mon gosier un jour de canicule.

Merci

Là, je savoure, je déguste et même ( OUI, il a osé ce félé) je jouis...
d'avance à la suite du feuilleton.

Oui, en effet, l'introduction est déjà fort savoureuse ! 

Frère Cadfael a écrit:Là, je savoure, je déguste et même ( OUI, il a osé ce félé) je jouis...
d'avance à la suite du feuilleton.

On est 2...

C'est normal de jouir quand on parle de la Gaule ... 

Merci pour cette intro, j'ai hâte de lire la suite

CEDLAP a écrit:C'est normal de jouir quand on parle de la Gaule ... 

CEDLAP a écrit:C'est normal de jouir quand on parle de la Gaule ... 

Et encore plus en matière de Bouffarde !!!

Mais recentrons le débat.
Je redis que le Passeur est un magnifique conteur, et que nous n'attendons tous qu'encore un peu de bonheur, pour peu qu'il nous emporte tous dans le bateau du coeur, celui qui va en France...

Bon je vois qu'emporté par mon lyrisme j'avais oublié qu'il avait pris des billets d'avion.
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait livresque...

Quelle merveilleuse entrée en matière ! (Cher Frère tais-toi !) 
J'ai grande hâte de lire la suite !

Les Cyniques sont assez explicites, en effet, sur le ressentis des Français à l’époque. Le sketch du Grand Mandrake (peut-être une référence au personnage de BD du grand Lee Falk) est excellent et me rappelle avec grande joie et nostalgie celui de Pierre Dac et Francis Blanche diffusé pour la première fois en 1957 dans l’émission de Jean Nohain, surnommé affectueusement Jaboune, "36 chandelles".
Ce sketch, heureusement passé par la télé de l’époque, n’a pas été capté plus souvent dans le théâtre où les deux compères exerçaient leurs talents. Dommage car s’il y avait un fil conducteur, les représentations n’étaient jamais les mêmes, les deux protagonistes étant, le plus souvent, complètement bourrés avant d’entrer en scène.

Quel beau début de récit, on va attendre la suite, je sens qu on va pas être déçus, au moins, il y a plus d action que dans Derrick

kenshiro a écrit:Quel beau début de récit, on va attendre la suite, je sens qu on va pas être déçus, au moins, il y a plus d action que dans Derrick

Comme dans beaucoup de séries teutonnes comme "Le Renard" (on se demande pourquoi le titre original n'a pas été repris : "Der Alte", Le Vieux. Ils ont usés 3 interprètes principaux depuis 1977), "Sur le lieu du crime" (Tatort), "Peter Strohm" ou encore "Un cas pour deux" (Ein fall für zwei - Tiens, cela a été traduit correctement)...
Par contre, il existe une très vieille série allemande, je sais, vue l'âge des précédentes, c'est un pléonasme, où il n'y a que de l'action, particulièrement active pour la vente de voiture... "Alerte Cobra" (Alarm für Cobra 11) : comment recycler rapidement un véhicule neuf ou encore, comment alimenter les casses environnantes...

Harmoblues a écrit:

kenshiro a écrit:Quel beau début de récit, on va attendre la suite, je sens qu on va pas être déçus, au moins, il y a plus d action que dans Derrick

Comme dans beaucoup de séries teutonnes comme "Le Renard" (on se demande pourquoi le titre original n'a pas été repris : "Der Alte", Le Vieux. Ils ont usés 3 interprètes principaux depuis 1977), "Sur le lieu du crime" (Tatort), "Peter Strohm" ou encore "Un cas pour deux" (Ein fall für zwei - Tiens, cela a été traduit correctement)...
Par contre, il existe une très vieille série allemande, je sais, vue l'âge des précédentes, c'est un pléonasme, où il n'y a que de l'action, particulièrement active pour la vente de voiture... "Alerte Cobra" (Alarm für Cobra 11) : comment recycler rapidement un véhicule neuf ou encore, comment alimenter les casses environnantes...

Der Alte

Tatort

L'un des génériques les plus mauvais que je connaisse : Peter Strohm

Observez, entre la 40ème et la 50ème seconde, avec quel naturel les actions se déroulent...

Ein fall für zwei

Alarm für Cobra 11

Pour 'Le Renard', attend je t'explique (là, il y en a, qui se disent ouille   ), alors le titre original c est, 'Der Alte' (non Hino, ça n'à rien avoir, avec un arrêt d'autobus), ce qui signifie, comme tu l'as si bien dit 'Le Vieux', et comment est il, le vieux   Il est rusé   et il est rusé comme qui   comme un renard, d'où le titre en français  'Le Renard'

voila voila

Ton explication a du bon cher Kenshiro... Ceci dit, en suivant quelques épisodes, assez peu je l'avoue mais suffisamment pour me faire une idée, de cette belle série, la ruse du rusé Renard ne m'est jamais apparue... Tout au plus, de la déduction lymphatique et façon "enfonceur de portes ouvertes" du style si bien décrit par l'un de mes philosophes préférés, Coluche, qui, lors de l'un de ses sketchs sur les journalistes et lisant un quotidien, rapportait à peu près ceci :
- Une partie de la rançon du petit... (je ne me rappelle plus de prénom cité) a été retrouvée à Madrid. Les enquêteurs pensent que les ravisseurs sont passés en Espagne...
Ils sont forts, ils sont forts !!

CEDLAP a écrit:C'est normal de jouir quand on parle de la Gaule ... 

Frère Cadfael a écrit:

CEDLAP a écrit:C'est normal de jouir quand on parle de la Gaule ... 

Et encore plus en matière de Bouffarde !!!

Mais recentrons le débat.
Je redis que le Passeur est un magnifique conteur, et que nous n'attendons tous qu'encore un peu de bonheur, pour peu qu'il nous emporte tous dans le bateau du coeur, celui qui va en France...

Bon je vois qu'emporté par mon lyrisme j'avais oublié qu'il avait pris des billets d'avion.
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait livresque...

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ce fil va partir en sucette... 

Norsum a écrit:

Frère Cadfael a écrit:

CEDLAP a écrit:C'est normal de jouir quand on parle de la Gaule ... 

Et encore plus en matière de Bouffarde !!!

Mais recentrons le débat.
Je redis que le Passeur est un magnifique conteur, et que nous n'attendons tous qu'encore un peu de bonheur, pour peu qu'il nous emporte tous dans le bateau du coeur, celui qui va en France...

Bon je vois qu'emporté par mon lyrisme j'avais oublié qu'il avait pris des billets d'avion.
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait livresque...

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ce fil va partir en sucette... 

Sucette après la gaule... Vraiment, quelle perspicacité ! 

Non, ce n'est pas normal de jouir quand on parle de la gaule !

Ça
 !

Non surtout pas !