Confucius et l'art de fumer la pipe.

Confucius, comme beaucoup de sages antiques, accordait davantage d’importance à la pratique qu’à la théorie. Dans ses Entretiens, nous apprenons qu’un de ses disciples nommé Tzeu Lou était très vigilant là-dessus. Au point que « quand il recevait un enseignement, il craignait d’en recevoir un nouveau, jusqu’à ce qu’il fût parvenu à mettre en pratique le premier. » (Entretiens, V.13).

Cette discipline est sage. Ainsi professaient le stoïcien Epictète, le bienheureux Gautama dit Bouddha, et le divin Jésus de Nazareth lui-même, lequel affirmait : « Heureux celui qui entend ma parole et la met en pratique ».



Toutefois, il y a fort à parier que Tzeu Lou ne fumait point la pipe. Supposons en effet que son Maître ait entrepris de lui enseigner ce noble art. Son enseignement se serait probablement décomposé en plusieurs leçons, par exemple : 1° l’art du bourrage ; 2° l’art de l’allumage ; 3° l’art du tirage ; 4° l’art du nettoyage.  Tzeu Lou, fidèle à son principe, se fût abstenu d’entendre la leçon N°2 avant d'être parvenu à mettre en pratique la leçon N°1. 

Or, comment peut-on être certain de maitriser le bourrage, si on ne le teste pas à l’allumage, puis au tirage ? Je vous le demande ! Bourrage, allumage et tirage, quoiqu’étant des opérations distinctes, successives, et requérant chacune une technique particulière, forment néanmoins un tout indissociable dont on ne peut juger la valeur qu’une fois mis ensemble. C’est en tirant sur sa pipe qu’on apprend à l’allumer, et c’est en l’allumant qu’on apprend à la bourrer. Si tu attends de bien savoir la bourrer pour l’allumer, tu ne la fumeras jamais. Ce qui, pour un apprenti fumeur de pipe, est ballot (vous en conviendrez).

C’est pourquoi, nonobstant tout mon respect pour Confucius, je ne saurais trop conseiller à son disciple Tzeu Lou de venir prendre ses leçons plutôt chez moi. Je lui enseignerai à apprendre par tâtonnements, essais et erreurs, ainsi que nous l’avons tous appris. La pratique, c’est précisément l’art de se tromper. Et dans cet art, le fumeur de pipe excelle plus que tout autre.

Jaufré Cantolys a écrit:Confucius, comme beaucoup de sages antiques, accordait davantage d’importance à la pratique qu’à la théorie. Dans ses Entretiens, nous apprenons qu’un de ses disciples nommé Tzeu Lou était très vigilant là-dessus. Au point que « quand il recevait un enseignement, il craignait d’en recevoir un nouveau, jusqu’à ce qu’il fût parvenu à mettre en pratique le premier. » (Entretiens, V.13).

Cette discipline est sage. Ainsi professaient le stoïcien Epictète, le bienheureux Gautama dit Bouddha, et le divin Jésus de Nazareth lui-même, lequel affirmait : « Heureux celui qui entend ma parole et la met en pratique ».



Toutefois, il y a fort à parier que Tzeu Lou ne fumait point la pipe. Supposons en effet que son Maître ait entrepris de lui enseigner ce noble art. Son enseignement se serait probablement décomposé en plusieurs leçons, par exemple : 1° l’art du bourrage ; 2° l’art de l’allumage ; 3° l’art du tirage ; 4° l’art du nettoyage.  Tzeu Lou, fidèle à son principe, se fût abstenu d’entendre la leçon N°2 avant d'être parvenu à mettre en pratique la leçon N°1. 

Or, comment peut-on être certain de maitriser le bourrage, si on ne le teste pas à l’allumage, puis au tirage ? Je vous le demande ! Bourrage, allumage et tirage, quoiqu’étant des opérations distinctes, successives, et requérant chacune une technique particulière, forment néanmoins un tout indissociable dont on ne peut juger la valeur qu’une fois mis ensemble. C’est en tirant sur sa pipe qu’on apprend à l’allumer, et c’est en l’allumant qu’on apprend à la bourrer. Si tu attends de bien savoir la bourrer pour l’allumer, tu ne la fumeras jamais. Ce qui, pour un apprenti fumeur de pipe, est ballot (vous en conviendrez).

C’est pourquoi, nonobstant tout mon respect pour Confucius, je ne saurais trop conseiller à son disciple Tzeu Lou de venir prendre ses leçons plutôt chez moi. Je lui enseignerai à apprendre par tâtonnements, essais et erreurs, ainsi que nous l’avons tous appris. La pratique, c’est précisément l’art de se tromper. Et dans cet art, le fumeur de pipe excelle plus que tout autre.

Merci pour ce rappel à l'humilité et la sagesse 

Excellent mon cher Jaufre, du Grand Jaufré oserais je même dire. 

Et je ne peux que valider la conclusion qui émane de cette pensée. 

Merci à toi Jaufré pour ce rappel

Jaufré, on ne va pas chinoiser, ta démonstration est brillante.
Et quoi qu'en ait dit Loulou, tout Chinois le sait:
Si l'on ne boit pas le thé, il est impossible de dire s'il a été bien préparé.

Bonjour à vous tous,
Avec sa tendance marquée pour l'obscurantisme, Confucius occultait sciemment l'art de fumer la pipe auprès de ses proches. 
Pourquoi une telle turpitude, me direz-vous ?
La raison est toute trouvée : Confucius devait déjà avoir à l'esprit le développement de la cigarette électronique. 
C'est vraiment affligeant !
Merci Jaufré pour ce savoureux moment de philosophie et de pragmatisme.

excellent Jauffré, merci

Encore un  

Munch a écrit:

Tariq Al-Karoc a écrit:Rat ou tique, pratiquer sa pratique (hic, haec, hoc...) sans quitter ses tics, c’est pratique hic et nunc en Antarctique, mais pratiquement impraticable sans tocs pour un haddock de l'Arctique.

Hush, Hush...

Un haddock plein de tics mais sans tocs hante l'Arctique et tac, ses tics virent au toc. Il a le trac des tics en toc et tac, retourne dans l'Antartique. Et toc!