SAUTRY EST MORT 67 L'illustration est de Brase d'Anjou

william1941 Ven 2 Sep 2022 - 1:40

Le patron du CNLRT arrive le premier.
Marque un temps en voyant Jansomme et Lannié assis dans les fauteuils du coin salon avec Le Directeur.
Tout son corps exprime le mécontentement. Et ses yeux disent clairement : j’espère que tu as une bonne raison de m’avoir dérangé à cette heure-ci.
Lannié et Jansomme restent assis.
Spectateurs gourmands de la suite.
Bernard se lève :
« Bonsoir Laurent.
Pardonne le dérangement mais je crois que c’est important.
- De quoi s’agit-il exactement ?
- Tu as jeté un œil sur le dossier
- Non Alexis l’a emporté avec lui.
Il a dit que le Président veut voir le dossier demain à la première heure.
Je suppose qu’il a l’intention de l’étudier avant de le lui communiquer.
- Mais alors pourquoi es-tu venu à Roissy.
- Parce que je l’ai demandé.
Mais pourquoi ses questions ? (et le ton dit : ce ne sont pas tes affaires) »
Le directeur ne répond pas directement
« Tu veux dire que c’est Alexis qui a monté cette mini expédition ?
- Oui. Mais quel est le problème qui ne pouvait pas sortir d’ici en sécurité?
- On va attendre Alexis.
Cela m’évitera de répéter.
Il ne devrait pas tarder. »
Le gars Laurent voit la serviette sur le bureau.
Il ouvre la bouche et Alexis entre à ce moment.
Il s’arrête sur le seuil et parcours l’assistance avant de s’avancer vers le Directeur
« Qu’est-ce qu’il se passe -dit-il en regardant tour à tour les deux hommes debout.
- Tu as jeté un œil sur les documents ?
(La réponse est cinglante)
- Pourquoi cette question ?
- Pour savoir.
Techniquement, je te rappelle que cette enquête est diligentée par l’Intcen et donc qu’elle se déroule sous mon autorité.
Tous les éléments doivent m’être remis en priorité.
- Il s’agit d’une demande du Président de la République.
- Dans ces conditions, tu comprendras que je te demanderai de me remettre une requête en bonne et due forme de la Présidence.
- Je n’en vois pas la nécessité.
- Eh bien moi, si.
Je suis directeur de l’Intcen et à se titre je rends compte au patron du SEAE de mon activité.
Cette enquête est une enquête EUROPENNE, pas française. Et je dois pouvoir justifier du fait que j’en aie remis des éléments au Président de la République Française. Qui n’est que le un vingt-septième de l’UE.
Tu saisis ? »
Le gars Alexis est devenu blême.
Laurent se mort les lèvres pour ne pas éclater de rire.
Jansomme et Lannié prennent l’air totalement indifférent de personnes qui ne sont pas concernées par ce qu’il se passe.
« J’espère que tu ne m’as pas dérangé pour cette mascarade.
Qu’y a-t-il ? »
Le Directeur ne répond pas immédiatement.
Il regarde Lannié et Jansomme avec un sourire en coin qui convoie ‘’Vous vous amusez bien ?’’
« Tu as raison, passons aux choses sérieuses.
Tu as récupéré la serviette sans même adresser la parole aux agents qui l’avaient convoyée.
Sans doute était-ce une mission dangereuse puisque tu as cru bon de te faire escorter par huit militaires en armes pour la récupérer.
- Je n’avais rien à dire à ces agents et les mesures de sécurité ne concernaient que moi.
- Certes, certes. Mais un peu de courtoisie ne nuit pas et peut même permettre d’éviter de faire une grosse bourde.
As-tu au moins regardé le contenu de cette serviette ?
- Je n’en ai pas eu le temps. Je dois remettre le dossier demain matin au Président et je vais devoir l’étudier à mon retour.
Y a-t-il donc quelque chose qui justifie le temps que j’ai perdu en venant ici?
- Eh bien, mais c’est à toi de juger.
- Juger de quoi ?
- De ton erreur.
- Je ne te permets pas…
- Eh bien moi, je me permets.
Tu as pris possession de la serviette sans même en vérifier le contenu.
- Elle avait le scellé de valise.
- Hé bien tu aurais peut-être dû laisser parler l’agent qui la portait.
Lannié voulez-vous venir expliquer ce qu’il s’est passé.
- Oh, c’est fort simple.
On a utilisé la méthode du leurre.
La serviette apparente ne contient que des journaux polonais.
Si quelqu’un l’avait dérobée, par force ou par ruse il en aurait été pour ses frais.
La serviette contenant les documents était soigneusement rangée au fond de mon sac de voyage, scellé valise, où elle a voyagé en toute tranquillité à mon côté.
- Vous auriez dû m’avertir
(Lannié commence à avoir la moutarde qui lui monte au nez.
D’autant qu’il n’a pas pu allumer sa bouffarde depuis vingt-quatre heures.)
- Vous auriez dû m’en laisser le temps au lieu de vous contenter de tendre la main vers la serviette sans dire un mot.
- Où est-elle alors cette serviette ? »

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Laurent contient son hilarité et montre, sans un mot le bureau du Directeur.
Le Directeur va la prendre, l’ouvre.
« Voilà Alexis : un dossier et deux clefs USB. »
Il referme la serviette et la tend à bout de bras.
L’autre s’en saisit
« Ah , bien sûr dans l’intérêt de la République à qui nous sommes tous attachés et à qui nous tenons tous à éviter les situations ridicules, cette rencontre n’a jamais eu lieu n’est-ce pas ?
Bonne soirée Alexis.
N’oublie pas la requête. »
Celui-ci se retourne et sort sans un mot.
Laurent regarde Bernard :
« Tu ne crais pas un coup de pied de l’âne ?
- Les types comme lui évitent toujours de passer pour des cons.
Et si cette affaire s’ébruite, on se moquera de lui jusqu’à Bruxelles et dans bien des Ambassades.
Je ne suis pas sûr que notre Président apprécierait.
Je suis sûr de pouvoir compter sur toi n’est-ce pas Laurent.
- Bernard, je serais muet comme une tombe. Sauf s’il venait à y avoir une exhumation. »
Les deux hommes se serrent la main et Laurent se tourne vers Jansomme et Lannié (qui a rejoint son fauteuil)
« Messieurs, je vous remercie pour votre travail et votre savoir-faire.
La France a de la chance de pouvoir compter sur des professionnels tels que vous. »
Et il sort du bureau.
Le directeur regarde sa montre.
« Il est bientôt vingt-deux heures.
Je vous fais raccompagner.
Nous nous retrouvons demain ici à dix heures pour nous occuper de notre affaire. »
Il prend son téléphone et demande « Une ou deux voitures ?
- Une répond Jansomme.
( Lannié le regarde)
J’ai comme un creux à l’estomac.
Pas toi?»