Ma pipe est vide! Illustration Brase d'Anjou

william1941 Jeu 11 Nov 2021 - 23:58

Apollinaire.
Comme cet homme fut et triste et malheureux.
Il y a trois jours à Paris, je suis passé sur le pont Mirabeau
Celui où le temps s'écoule avec la Seine.
Et ma pauvre cervelle se trouva encombrée de mots et puis de vers
Et que ce grand poète et d'autres me pardonnent.
Rentré chez moi, ma pipe m'a permis de les mettre sur feuille.

Assis dans mon fauteuil j’ai les yeux dans le vide
Près de la cheminée. Une pipe, à mon nez
Déroule lentement ses méandres enchantés,
Source des souvenirs. Magique et translucide.
Les images jaillissent. Furieuses invitées.
Et construisent un rêve qui vient me rappeler
Combien tu m’as aimé, amoureuse intrépide.

Ton corps doré était digne des Hespérides.
Et nul Ladon sifflant n’aurait pu m’empêcher
De saisir cette pomme et de la consommer.
Il n’était plus question pour nous d’être timides.
Comme tu étais belle et comme l’on s’aimait.
D’un amour fou, brûlant, et qui nous enflammait
Jeunes et conquérants, d’une ferveur torride.

Un soleil finissant, de sa lueur languide
Mettait sur tes appâts un reflet singulier.
Ta poitrine tremblait et ton corps se cambrait
Comme une Cassiopée narguant les Néréides.
Tes cheveux sur tes reins faisaient une coulée,
Superbe gerbe d’or pour l’amour moissonnée,
Que mes mains caressaient fiévreuses et avides.

Et nous faisions l’amour.
Et nos corps enlacés,
Emportés dans le vide,
Laissaient libres nos âmes.
Et nos cœurs emmêlés
S’envolaient dans l’espace,
Touchant l’éternité.

Ma pensée se déploie en un magma turbide ,
Fabuleux tourbillon où mon esprit brouillé
S’englue sans parvenir à retrouver la paix.
Et quelques pommes d’or tenues par des sylphides
Fuient précipitamment mon cerveau égaré.
Le soleil s’est couché. La nuit s’est installée.
Le rêve est terminé. Pourquoi ?