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Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
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Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
LE VIEUX MOULIN
Il y a seul, perdu au fond de la garrigue,
Un vieux moulin d’avant,
Dont les bras sont partis sur les ailes du temps,
Ne laissant qu’une bigue
Qui défie les années et dépasse du toit .
Le moyeu montre encore,
Plantés dans son vieux cœur, quelques morceaux de bois
Qui semblent un décor
Que les ailes ont laissé, emportées par le vent.
Il n’y a plus de tuiles
Sur le chapeau chinois de l’enchevêtrement
Qu’un charpentier habile
Avait articulé pour en porter le poids.
Seuls quelques éléments,
Gris, rongés par la pluie et fendus par le froid,
Comme les ossements
D’un animal géant en rappellent la place.
Les meules sont tombées
Et semblent un gisant qui recouvre l’espace
Où dorment les années
Que les herbes sauvages envahissent et cachent .
Toutes les ouvertures
Béantes, où les broussailles et les ronces s’attachent,
Ont perdu leur allure
Quand les pierres des murs ont commencé à choir.
Seul, courbe, un banc de pierre
De la paroi suit l’arrondi comme un racloir.
Et regardant la mer
Se trouve protégé, des assauts du mistral .
Même les jours d’hiver,
On peut y savourer un soleil amical
Devant les chênes verts
Qui ont repris leur place et encerclent sa ruine.
J’aime, quand il fait froid,
Tandis que Phoebus peine dans un ciel opaline,
Me rendre à cet endroit
Où le temps a mangé l’aventure des hommes.
Il y avait un moulin.
Mais où était le blé, où l’orge, et leurs chaumes,
Dont il avait besoin
Ayant été bâti au service des hommes?
J’aime venir m’asseoir
Avec ma pipe aux dents sur le vieux banc de pierre,
Quelquefois jusqu’au soir
Quand la fraîcheur descend et baisse la lumière.
Et pendant ces moments,
J’éprouve en même temps, la beauté de la terre
Et la douleur du temps.
Il y a seul, perdu au fond de la garrigue,
Un vieux moulin d’avant,
Dont les bras sont partis sur les ailes du temps,
Ne laissant qu’une bigue
Qui défie les années et dépasse du toit .
Le moyeu montre encore,
Plantés dans son vieux cœur, quelques morceaux de bois
Qui semblent un décor
Que les ailes ont laissé, emportées par le vent.
Il n’y a plus de tuiles
Sur le chapeau chinois de l’enchevêtrement
Qu’un charpentier habile
Avait articulé pour en porter le poids.
Seuls quelques éléments,
Gris, rongés par la pluie et fendus par le froid,
Comme les ossements
D’un animal géant en rappellent la place.
Les meules sont tombées
Et semblent un gisant qui recouvre l’espace
Où dorment les années
Que les herbes sauvages envahissent et cachent .
Toutes les ouvertures
Béantes, où les broussailles et les ronces s’attachent,
Ont perdu leur allure
Quand les pierres des murs ont commencé à choir.
Seul, courbe, un banc de pierre
De la paroi suit l’arrondi comme un racloir.
Et regardant la mer
Se trouve protégé, des assauts du mistral .
Même les jours d’hiver,
On peut y savourer un soleil amical
Devant les chênes verts
Qui ont repris leur place et encerclent sa ruine.
J’aime, quand il fait froid,
Tandis que Phoebus peine dans un ciel opaline,
Me rendre à cet endroit
Où le temps a mangé l’aventure des hommes.
Il y avait un moulin.
Mais où était le blé, où l’orge, et leurs chaumes,
Dont il avait besoin
Ayant été bâti au service des hommes?
J’aime venir m’asseoir
Avec ma pipe aux dents sur le vieux banc de pierre,
Quelquefois jusqu’au soir
Quand la fraîcheur descend et baisse la lumière.
Et pendant ces moments,
J’éprouve en même temps, la beauté de la terre
Et la douleur du temps.
Dernière édition par william1941 le Sam 5 Déc 2020 - 19:25, édité 1 fois
william1941- Poète, barde, troubadour...
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
J'adore les moulins à vent, qu'on ne croise plus guère
Que sauvegardés, par ci, par là, en souvenir d'une ère.
Merci pour ce très beau poème William, qui m'évoque ce dessin animé qui m'a marqué dans mon enfance.
Que sauvegardés, par ci, par là, en souvenir d'une ère.
Merci pour ce très beau poème William, qui m'évoque ce dessin animé qui m'a marqué dans mon enfance.
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Suzan hated literature, she'd much prefer to read a good book - Terry Practchett
Pierrot Gourmand- Monument
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Brase d'Anjou- Vieux de la vieille
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
Merci Pierrot Gourmand pour ces quelques minutes de poésie qui nous rappelle que WD avant d'être un énorme machine à fabriquer des superprodctions, était un "cluster" ou le rêve naissait dessin par dessin.Pierrot Gourmand a écrit:J'adore les moulins à vent, qu'on ne croise plus guère
Que sauvegardés, par ci, par là, en souvenir d'une ère.
Merci pour ce très beau poème William, qui m'évoque ce dessin animé qui m'a marqué dans mon enfance.
Peut-être n'en montre-t-on plus assez à nos jeunes enfants dans les écoles.
william1941- Poète, barde, troubadour...
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
william1941 a écrit:Merci Pierrot Gourmand pour ces quelques minutes de poésie qui nous rappelle que WD avant d'être un énorme machine à fabriquer des superprodctions, était un "cluster" ou le rêve naissait dessin par dessin.Pierrot Gourmand a écrit:J'adore les moulins à vent, qu'on ne croise plus guère
Que sauvegardés, par ci, par là, en souvenir d'une ère.
Merci pour ce très beau poème William, qui m'évoque ce dessin animé qui m'a marqué dans mon enfance.
Peut-être n'en montre-t-on plus assez à nos jeunes enfants dans les écoles.
Ayant accès à Disney+, les vieux Disney's des années 40 sont disponibles et le dimanche soir il y en a toujours un ou deux regardés avec mes filles pour finir le week-end.
Et oui je me souviens en regarder a l'école parfois quand j'étais en maternelle. Je te rejoins, on ne doit plus assez leur en montrer.
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Pierrot Gourmand- Monument
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william1941- Poète, barde, troubadour...
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
william1941 a écrit:(...)
Avec ma pipe aux dents sur le vieux banc de pierre,
Quelquefois jusqu’au soir
Quand la fraîcheur descend et baisse la lumière.
Et pendant ces moments,
J’éprouve en même temps, la beauté de la terre
Et la douleur du temps.
Magnifique William!
J'ai éprouvé, moi aussi, des sentiments analogues en fumant ma pipe devant une martelière abandonnée au milieu des anciens marais salans de Camargue.
J'aime le balancement de ton poème, entre alexandrins et hexasyllabes, qui rythme le temps qui passe.
Je ne sais plus quel philosophe a dit que l'angoisse liée au temps qui passe n'est pas incompatible avec la joie qu'on éprouve à contempler les choses...
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"Le poète doit être un professeur d'espérance. A cette seule condition il a droit au pain et au vin, à côté de l'homme qui travaille" (Jean Giono)
Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
Jaufré Cantolys a écrit:william1941 a écrit:(...)
Avec ma pipe aux dents sur le vieux banc de pierre,
Quelquefois jusqu’au soir
Quand la fraîcheur descend et baisse la lumière.
Et pendant ces moments,
J’éprouve en même temps, la beauté de la terre
Et la douleur du temps.
Magnifique William!
J'ai éprouvé, moi aussi, des sentiments analogues en fumant ma pipe devant une martelière abandonnée au milieu des anciens marais salans de Camargue.
J'aime le balancement de ton poème, entre alexandrins et hexasyllabes, qui rythme le temps qui passe.
Je ne sais plus quel philosophe a dit que l'angoisse liée au temps qui passe n'est pas incompatible avec la joie qu'on éprouve à contempler les choses...
Et bien je me reconnais complètement dans ce propos, d'ailleurs pour ça que je fais moins d'exploration urbaine en photo, ces lieux abandonnés, ça m'angoisse finalement, vision sur l'inéluctabilité (ça se dit?) du temps qui passe
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Pierrot Gourmand- Monument
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
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Pierrot Gourmand- Monument
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
Pierrot Gourmand,
Merci pour l'intérêt que tu portes à ce que je propose aux boouffardeux.
J'ai regardé le vieux Disney avec plaisir.
Ta photo de moulin est très réussie.
Comme tu le dis, ces quelques moulins rénovés nous rappellent un monde disparu où l'homme dépendait encore de la volonté du vent pour avoir sa farine.
Faut-il, comme certains le souhaitent, dépendre demain de lui pour notre électricité? Franchement,je n'en sais rien.
J'ai confiance dans l'iamgination humaine, ce privilège que nous a accordé la nature sur tous les autres êtres vivants et dont nous ne faisons, hélas, pas toujours le meilleur usage.
Et si je devait résumer mon avis sur la question je dirais:
L'homme n'est pas toujours
Quoi que certains en disent
Ni un être d'amour
Ni un puits de bêtise
Il arrive souvent
Quand l'occasion s'y prête
Qu'il soit intelligent
Et quelques fois poète
Et pour compléter mon propos, je dirai que les moulins d'aujourd'hui me font penser plutôt à celui de Maître Cornille
Merci pour l'intérêt que tu portes à ce que je propose aux boouffardeux.
J'ai regardé le vieux Disney avec plaisir.
Ta photo de moulin est très réussie.
Comme tu le dis, ces quelques moulins rénovés nous rappellent un monde disparu où l'homme dépendait encore de la volonté du vent pour avoir sa farine.
Faut-il, comme certains le souhaitent, dépendre demain de lui pour notre électricité? Franchement,je n'en sais rien.
J'ai confiance dans l'iamgination humaine, ce privilège que nous a accordé la nature sur tous les autres êtres vivants et dont nous ne faisons, hélas, pas toujours le meilleur usage.
Et si je devait résumer mon avis sur la question je dirais:
L'homme n'est pas toujours
Quoi que certains en disent
Ni un être d'amour
Ni un puits de bêtise
Il arrive souvent
Quand l'occasion s'y prête
Qu'il soit intelligent
Et quelques fois poète
Et pour compléter mon propos, je dirai que les moulins d'aujourd'hui me font penser plutôt à celui de Maître Cornille
william1941- Poète, barde, troubadour...
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
Dans la même veine (et donc sur le même fil) ce poème composé en 2014, un peu plus à l'Est de l'Hérault:
CAMARGUAISE
Martelière, martelière,
Qui surplombes la lagune,
Seule comme une prière,
Sous l’œil fixe de la lune,
Qui contera ton histoire,
Qui entendra ton poème ?
Qui déchiffrera les moires
Que tu traces sur l’eau blême ?
Ta crémaillère encore droite
Sert de perchoir au héron.
Le cou dressé dans l’air moite,
Il observe l’horizon.
Tes montants sont tout rouillés,
Couverts des croûtes d’un sang
Qui sous le froid s’est caillé,
Las de saigner, languissant.
A tes pieds, autour de toi,
L’onde se répand et coule,
Sans discipline ni loi,
Liquide, calme et sans houle.
Jadis fière tu régnais
A la croisée des canaux.
On t’ouvrait, on te fermait,
Tu en régulais les eaux.
Par de savants aiguillages,
Tout un univers naissait,
De tes stagnants marécages
Emergeait une pensée.
Ici on cueillait le sel,
Là-bas on le décantait.
Les eaux, comme un carrousel,
Couraient le long des fossés.
Autour de toi, les flamants
Prospéraient dans les eaux basses,
Et les tadornes, gaiement,
S’ébrouaient dans la boue grasse.
Tout est fini maintenant :
L’eau stagne dans le canal,
On a fermé les salans.
L’amont se mêle à l’aval.
Au milieu des salicornes,
Du sel des larmes nourris,
Ton fer, dur comme la corne,
De mistral est tout transi.
Mon âme vers toi s’arc-boute.
Accroupi, les pieds dans l’eau,
Tu te tais, moi je t’écoute.
Au loin pleurent les crapauds…
Et nous restons tous les deux,
Comme le Sphinx et Œdipe,
Nous réchauffant, silencieux,
Au lumignon de ma pipe.
Jaufré Cantolys
CAMARGUAISE
Martelière, martelière,
Qui surplombes la lagune,
Seule comme une prière,
Sous l’œil fixe de la lune,
Qui contera ton histoire,
Qui entendra ton poème ?
Qui déchiffrera les moires
Que tu traces sur l’eau blême ?
Ta crémaillère encore droite
Sert de perchoir au héron.
Le cou dressé dans l’air moite,
Il observe l’horizon.
Tes montants sont tout rouillés,
Couverts des croûtes d’un sang
Qui sous le froid s’est caillé,
Las de saigner, languissant.
A tes pieds, autour de toi,
L’onde se répand et coule,
Sans discipline ni loi,
Liquide, calme et sans houle.
Jadis fière tu régnais
A la croisée des canaux.
On t’ouvrait, on te fermait,
Tu en régulais les eaux.
Par de savants aiguillages,
Tout un univers naissait,
De tes stagnants marécages
Emergeait une pensée.
Ici on cueillait le sel,
Là-bas on le décantait.
Les eaux, comme un carrousel,
Couraient le long des fossés.
Autour de toi, les flamants
Prospéraient dans les eaux basses,
Et les tadornes, gaiement,
S’ébrouaient dans la boue grasse.
Tout est fini maintenant :
L’eau stagne dans le canal,
On a fermé les salans.
L’amont se mêle à l’aval.
Au milieu des salicornes,
Du sel des larmes nourris,
Ton fer, dur comme la corne,
De mistral est tout transi.
Mon âme vers toi s’arc-boute.
Accroupi, les pieds dans l’eau,
Tu te tais, moi je t’écoute.
Au loin pleurent les crapauds…
Et nous restons tous les deux,
Comme le Sphinx et Œdipe,
Nous réchauffant, silencieux,
Au lumignon de ma pipe.
Jaufré Cantolys
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
Ça me rend triste tout ça, mais bravo !
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Re: Le vieux moulin. Illustration Brase d'Anjou
Il aurait été dommage de nous priver de ce poème.Jaufré Cantolys a écrit:Dans la même veine (et donc sur le même fil) ce poème composé en 2014, un peu plus à l'Est de l'Hérault:
CAMARGUAISE
Martelière, martelière,
Qui surplombes la lagune,
Seule comme une prière,
Sous l’œil fixe de la lune,
Qui contera ton histoire,
Qui entendra ton poème ?
Qui déchiffrera les moires
Que tu traces sur l’eau blême ?
Ta crémaillère encore droite
Sert de perchoir au héron.
Le cou dressé dans l’air moite,
Il observe l’horizon.
Tes montants sont tout rouillés,
Couverts des croûtes d’un sang
Qui sous le froid s’est caillé,
Las de saigner, languissant.
A tes pieds, autour de toi,
L’onde se répand et coule,
Sans discipline ni loi,
Liquide, calme et sans houle.
Jadis fière tu régnais
A la croisée des canaux.
On t’ouvrait, on te fermait,
Tu en régulais les eaux.
Par de savants aiguillages,
Tout un univers naissait,
De tes stagnants marécages
Emergeait une pensée.
Ici on cueillait le sel,
Là-bas on le décantait.
Les eaux, comme un carrousel,
Couraient le long des fossés.
Autour de toi, les flamants
Prospéraient dans les eaux basses,
Et les tadornes, gaiement,
S’ébrouaient dans la boue grasse.
Tout est fini maintenant :
L’eau stagne dans le canal,
On a fermé les salans.
L’amont se mêle à l’aval.
Au milieu des salicornes,
Du sel des larmes nourris,
Ton fer, dur comme la corne,
De mistral est tout transi.
Mon âme vers toi s’arc-boute.
Accroupi, les pieds dans l’eau,
Tu te tais, moi je t’écoute.
Au loin pleurent les crapauds…
Et nous restons tous les deux,
Comme le Sphinx et Œdipe,
Nous réchauffant, silencieux,
Au lumignon de ma pipe.
Jaufré Cantolys
La maîtrise impressionnante de l'heptamètre, du vocabulaire et de la culture accompagnent si bien la nostalgie du temps qui passe ne laissant que des repères pour nourrir les souvenirs.
Impressionnant.
Merci pour ce cadeau.
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