Le chemineau en é

william1941 Jeu 21 Mai 2020 - 17:12

Lorsque j'ai ouvert mon buffet

Il n'y avait rien à manger

Lors suis allé chez l'épicier :

Il ne m'a pas laissé entrer

J'ai regardé chez le crémier

Qui le poing agité, m'a chassé.

En passant devant un verger,

Lorsque j'ai voulu m'approcher

Pour prendre des pommes à croquer,

Les chiens de garde ont aboyé.

Et il m'a bien fallu filer

Sans avoir pu en attraper.

Quand le gendarme est arrivé,

Moi tout de suite j'ai pensé :

En prison ils donnent à manger

Lorsque vous êtes prisonnier !

"Mort aux vaches" lui ai hurlé

Le pandore m'a regardé

Et m'a dit :" Allez ! circulez"

J’ai esquivé le boulanger ;

Lui, il ne m'a jamais aimé

Dans le village j'ai erré

Espérant un brin de pitié.

Personne ne m'a écouté.

Je suis allé voir le curé.

Il m'a conseillé de prier

Enfin le soir est arrivé.

Les portes se sont refermées

Sur de bons repas cuisinés

Dont les odeurs narguaient mon nez.

Alors décidant d'échapper

Aux douleurs de la pauvreté

Au cimetière suis allé

Pour y mourir. Désespéré.

Eh bien :

La porte était fermée !

Ce désespoir m'a réveillé.

Le jour venait de se lever.

Je suis allé chez l'épicier.

Il m'a tendu dans un paquet

Conserves et aliments frais.

Quand le crémier m'a appelé

Il faut dire : j'ai hésité !

Mais quand je me suis approché,

De la main il m'a salué.

Puis il m’a offert du bon lait.

Je suis allé jusqu'au verger.

Des pommes, j'en ai ramassé.

Les chiens étaient bien attachés.

Sur le retour j'ai rencontré

Le pandore qui m'a lancé :

"Bonjour l'ami. Belle journée !"

J'en suis resté éberlué.

Dans les rues on me saluait.

Tous avaient à cœur de montrer,

Au chemineau, de la bonté :

Qui un bon gâteau sucré,

Un sandwich au poulet fumé.

Qui du bon tabac pour bourrer

Ma vieille pipe bien aimée.

Qui juste un geste d'amitié,

Un coup de vin à déguster.

Et elle, qui me souriait,

De sa main preste a déposé

Dans la mienne quelques monnaies.

Les bras chargés de ses bienfaits

Je suis allé voir le curé.

Je voulais tout lui raconter

Mais il a ri. "Pour commencer,

Assieds-toi là, on va manger".

Avant la première bouchée

Il m'a dit les yeux amusés

"Disons le bénédicité".

Et quand on l'a eu terminé

Le paradis s'est présenté

Dans les assiettes colorées,

Emplies de hachis Parmentier,

Que sa bonne nous apportait

J'avais les yeux tout embués ;

La digestion ou l'émotion?

Je ne saurais y distinguer.

Un cigarillo a bouclé

Se moment de félicité.

Je suis reparti rassuré :

Les hommes ne sont pas mauvais.

Pour terminer cette journée

Suis retourné aux allongés

Dire : "je ne suis pas pressé"

Eh bien :

La porte était fermée !

PetuneurBreton Jeu 21 Mai 2020 - 20:44

Eh bien ! Bravo !
Et merci d'avoir partagé !

Invité Jeu 21 Mai 2020 - 21:09

Bravo! Aimant beaucoup Brassens, je le retrouve. Que la porte des allongés reste fermée, que tu nous régales encore avec des textes de cette qualité, que ce village soit celui de tes copains d'abord.

Pierrot Gourmand Jeu 21 Mai 2020 - 21:45

PetuneurBreton a écrit:Eh bien ! Bravo !
Et merci d'avoir partagé !

William, notre deuxième tu es
poète et ou chansonnier,
membre égal de Jaufré
Vu de tes textes la qualité
Continu de nous partager
Ton verbe tant maitrisé

Jaufré Cantolys Jeu 21 Mai 2020 - 22:02

Bravo William!
On pense en effet à la chanson de Brassens: "Celui qui a mal tourné"
Est-ce que tu composes aussi des musiques sur tes textes ? Est-ce que tu les joues à la guitare?