Bouddha et la pipe

Après Jésus et Confucius, je vous invite, mes frères, à méditer ensemble l’enseignement de Bouddha.

Dans la Dhammapada §330 on peut lire cette parole de l'honorable Gautama:

« Mieux vaut vivre dans la solitude : il n’y a point de société avec les sots. En solitaire on doit mener sa vie, sans faire le mal, loin des soucis, comme l’éléphant dans la forêt »

Cette parole doit s’interpréter à la lumière des Quatre Nobles Vérités professées par Bouddha, à savoir : 1° la vie est souffrance (dukkha) ; 2° la souffrance vient de l’illusion du « soi »; 3° pour éteindre la souffrance, il suffit d’éteindre son « soi » ; 4° la voie pour y parvenir consiste dans la méditation, en particulier sur le fait que notre « soi » n’est qu’illusion, coproduction conditionnée de tous les flux qui me traversent.

Le retrait du monde fait partie de cette Voie. En effet, la société ne contribue pas peu à entretenir l’illusion de « soi ». Le regard que posent les autres sur moi fait déjà de moi quelque chose. Si je vise l’extinction de moi-même, je dois échapper au regard des autres. La meilleure manière d’y parvenir est de me retirer pour méditer dans la forêt, comme l’éléphant.

Voilà qui est bon et sage. Mais d’aucuns poseront la question : pourquoi le Bouddha a-t-il choisi précisément l’éléphant pour illustrer son propros? Et non l’ours, la panthère noire, ou quelqu’autre animal solitaire de la forêt ? Hein ? Hein ? Avouez qu’on se le demande.

Eh bien, c’est très simple. L’éléphant et le fumeur de pipe ont un point commun : c’est de respirer par l’intermédiaire d’un tuyau. Qu’est-ce qu’une trompe ? Le prolongement de l’organe qui sert à aspirer et expirer. Qu’est-ce qu’une pipe ? La même chose. La pipe est au pétuneur ce que la trompe est à l’éléphant. Il y a donc une leçon cachée dans l’enseignement de Bouddha. C’est que pour atteindre l’Eveil, il nous faut fumer la pipe. C’est par ce seul moyen que le disciple, pareil à l’éléphant, parviendra à se détacher de soi et à être libéré de dukkha.

Je vous propose donc, frères bhikkhus, de bourrer tous ensemble notre pipe, et de conclure par la récitation d'un mantra.

Om mani pade hummmm...

Khan Toh Lis Rimpotché

Encore un joli texte Jaufré. Merci !
Et oui, cette soiciété produit vraiment beaucoup trop de "soi".

Et si certains cherchent la forêt du village pour s'y promener seul avec leur trompe... 
Elle est là :

Merci Jaufré et Brase  

Merci Jaufré pour ce joyeux pastiche de notre bien sévère Confucius

Et merci à Brase d'avoir remis l'église au milieu...  de la forêt

Pour ceux que cela intéresse je vous recommande (je crois que je l'ai déjà fait) la lecture de ce livre.
Comprendre comment c'est construite une autre façon que la nôtre de penser et donc de voir le monde.

william1941 a écrit:Merci Jaufré pour ce joyeux pastiche de notre bien sévère Confucius

Aie, aie, William, si tu commences à confondre Bouddha et Confucius, l'Inde et la Chine, on va pas s'en sortir! Sois un peu plus attentif s'il te plaît. Pour la peine tu me réciteras 10 fois Om Mani Pade Hum. 

Qui doit méditer ? Moi ?

william1941 a écrit:Mais lis le bouquin que je propose. 

Merci William.  Oui, je le lirai.
Anne c'est le fille de François ?

Kubark a écrit:Qui doit méditer ? Moi ?

Ah, ah, je vois que nous avons affaire à un petit malin...

"La notion de "sujet" est une invention d'esclave. Seule l'action est réelle. Il n'y a pas "d'être" derrière l'action" (Nietzsche, Généalogie de la morale).

Kubark a écrit:Qui doit méditer ? Moi ?

Ça dépend si tu comptes le faire à compte d'auteur

Jaufré Cantolys a écrit:

william1941 a écrit:Mais lis le bouquin que je propose. 

Anne c'est le fille de François ?

Oui.

Jaufré Cantolys a écrit:"La notion de "sujet" est une invention d'esclave. Seule l'action est réelle. Il n'y a pas "d'être" derrière l'action" (Nietzsche, Généalogie de la morale).

En attendant je n'ai pas eu d'autres nouvelles pour Dieu, mais selon toutes les informations qui se recoupent parfaitement lui serait bien mort le 25 Aout 1900.
Et le "sujet" de Nietzsche est si multiple qu'il était une des bêtes noires des élèves de terminale-philo de mon époque.
Sans doute parce que ce qu'il appelle la liberté ressemble finalement à une sorte d'esclavage inhérent à la nécessité d'agir.
Il me reste des relents d'imbroglio entre l'âme, le sujet, les arrières-mondes et la fiction de l'être.
Ceci dit si quelqu'un lui avait mis son poing sur le nez, peut-être aurait-il reconsidéré la question... ou pas