Midnight Ride

Bonjour,


Impressionné par la concentration de l’Old Ironsides, j’ai voulu essayer un autre tabac d’American History. Comme je n’en ai pas trouvé d’essai sur le forum, je me lance.

Jolie boîte ronde, pas de flakes à l’intérieur comme l’Old Ironsides mais un tabac bien séparé, avec des morceaux de taille et de formes différentes. Odeur riche, appétissante, envoûtante.

Attiré par cette nouvelle boîte, mon habituel jeune assistant y plonge son nez et lâche immédiatement son verdict : « crottin de cheval ! » Ah, c’est bien ce qui me semblait. Gagné, je lui montre le cheval sur le couvercle. Le parfum, très fort, n’est pas le même que les tabacs latakiés que je connais (Old Ironsides, Old Dublin, BB1938, BBBB). Ou du moins il manque l’élément « bête crevée » habituellement immédiatement détectable à l’ouverture des tabacs latakiés.

Quoi de neuf, docteur ?

Pas humide, le tabac s’enflamme facilement et brûle très bien pratiquement sans rallumages, et pas trop vite. Un tabac de concours.

Au goût, pour moi on est dans un registre culinaire : l’autre jour je me préparais gentiment un petit risotto avec de l’oignon et des carottes (mais quelle idée !?) Alors que mon riz cramait dans la poêle, zut zut, j’ai immédiatement pensé à ce tabac : légumes et céréales grillés. Avec en plus un parfum de cake. Tiens, aussi comme le cake aux carottes (décidément) que me préparait ma copine, il y a 25 ans, qu’elle était gentille celle-là.

Bon bref les parfums sont appétissants, tout ça c’est sûrement les tabacs orientaux ? Mais le latakia là-dedans ? J’ai cru lire sur le net un débat qui excite les fumeurs qui l’ont essayé : en a-t-il, ou pas (du Latakia) ? La boîte n’en fait pas mention. C’est juste écrit : mélange de Virginia, d’orientaux et de Périque. Vous allez me dire que le Latakia, c’est un oriental, etc. Mais alors s’il y en a, pourquoi ne pas avoir mentionné ce mot magique sur la boîte ?

Je n’y connais pas grand-chose, mais cela rejoint l’indice ressenti au nez à l’ouverture de la boîte, en constatant qu’aucun animal n’avait l’air d’être mort dedans. En le fumant pareil.
Je me lance : pour moi il n’y a pas de Latakia. Ou alors quand il y en a trop peu je ne le sens même plus, c’est comme le pastis.
Mais ce « manque » n’en n’est pas vraiment un dans ce Midnight Ride : cela ne l’empêche pas d’avoir un goût plein, riche, complet, gourmand, rassasiant. Ca pue juste autrement.

En le fumant pour la première fois je me suis dit que c’était un de mes tabacs préférés, et je le pense toujours aujourd’hui. En plus il est facile à vivre, il reste fameux en plein vent sans cramer, il n’est pas trop chargé en nicotine, bref pour moi une bonne pioche. Comme il n’a pas le goût habituel des tabacs anglais latakiés il constitue un bon changement au sein d’une rotation, ça aère un peu : davantage « légumes grillés et gâteau » que « viande boucanée ».
Attention quand-même à sa plénitude de goût : revers de la médaille, comme on est vraiment dans les odeurs de bouffe un peu lourde, une fois j’ai eu l’estomac chargé en fin de bol après une pipe bien pleine. Mais je suis une petite nature.

Ah, ce périque...

Bourrac a écrit:

cela rejoint l’indice ressenti au nez à l’ouverture de la boîte, en constatant qu’aucun animal n’avait l’air d’être mort dedans. En le fumant pareil.

Merci Bourrac pour cette revue et pour ton humour   , je ne connaissais pas ce tabac (sans doute pas facile à trouver).

Ah oui, super tabac, que j'avais adoré en 2012, j'avais pondu une revue quelque part qu'il faut que je ressorte.

"Hiver 2012. Je passais par Monaco pour claquer mon salaire de prof dans un casino, histoire d'espérer manger double ration de nouilles au jambon pour le mois de décembre (ça va être Noël, quoi, merde !). Vintimille n'étant ni loin ni chère (est-ce un zeugma?), je franchis la frontière et je tombe sur une civette remplie de tabacs connus et inconnus.

Un groupe de boîtes dessinées au crayon attire mon oeil, j'en choisis une au hasard et je lis "MIDNIGHT RIDE : An exotic blend of Oriental, Virginia and Perique tobaccos" : je l'emporte sans réfléchir ou comparer davantage.

Je pensais qu'il n'y avait pas de latakia, il y en a : en fait c'est un Va/Or/Lat/Pe.

En zyeutant sur le ouèbe, je tombe là-dessus :
http://pipesmagazine.com/python/pipe-and-tobacco-news/dan-tobacco-re-introduces-old-cao-blends/

Je pensais donc avoir dans les mains mon premier tabac de Dan, d'une collection revival intitulée U.S. Revolutionary.

Et en fait, en comparant les boîtes, non : ce doit être l'original distribué par CAO, qui n'est plus produit depuis 2008. Une vieille boîte invendue depuis plusieurs années, qui traîne sans attirer personne.



L'odeur de la boîte est très forte, même tenue à bout de bras elle sent. Probablement l'âge de ce tabac, le latakia n'étant pas en proportion démesurée au vu de la quantité de brins noirs. Ce doit être un peu comme les scouts, plus le temps passe plus ils sentent fort, dit-on.

Nous avons droit à une progression nette en trois actes.

Au premier tiers, un parfum de noisettes grillées et de pin brûlé donne le ton. C'est le Latakia qui mènera le bal, donc, et il compte bien rester le roi de la danse. Un Latakia franc et sans drôlerie, style Commonwealth, mais un peu sucré et au goût toutefois assez fin.

Le second tiers ressemble à un bol de Nightcap, sauf le côté capiteux. Le Midnight Ride n'a rien de lourd ou de plombant, il ne pousse pas l'esprit vers une réflexion nébuleuse en regardant les étoiles, le front fiévreux et les paupières tombantes. Là où le Nightcap est un digestif, le Midnight Ride est un apéritif : plus léger, plus sucré, plus facile, plus traître aussi (au nez, il pue le Latakia sévère).

Au troisième tiers, les Virginias et le Perique prennent enfin leur revanche, et le tout se finit dans une explosion de saveurs franchement délirante qui fait complètement oublier le Latakia, en toute simplicité. Ca ressemblait pas mal à mes mélanges Va/La/Pe que je faisais à l'époque.

Et les orientaux là-dedans ? Bof, bof, bof. Très discrets, sauf au second tiers. Et c'est tant mieux.

Pour résumer, c'est un anglais sucré et au goût léger, très latakié, avec une odeur du genre qui pique les yeux, sans grande douceur et sans vraie rondeur. Je ne connaissais pas l'Aperitif en 2012, mais ce nom lui irait comme un gant (mieux que Midnight Ride en tout cas). Il est à l'apéritif ce que le Nightcap est au digestif.

L'étonnante explosion de saveurs est dûe aux excellents virginies du mélange, très savoureux avec le perique.

Je regrette juste un goût cendré en fin de second tiers.

Pas le meilleur anglais que je connaisse, mais l'un de ceux que je préfère fumer car il a tout ce que je recherche dans un tabac : des virginies goûteux et subtils, du bon perique bien riche, et trois tonnes de latakia. De la crème, de la douceur, de la rondeur ? Pour quoi faire ?"


Bref, j'y sentais du latakia, moi. Mais ça n'était peut-être pas la même recette.

J'en ai une boîte, de Dan Tobacco cette fois, qui attend quelque part chez moi - il faudra que je l'ouvre à l'occasion pour comparer 8 ans plus tard.

Merci pour vos réactions !

Munch, qu'est-ce qui te fait identifier le latakia ?
Pour moi, c'est une sorte d'odeur de tourbe (avec tout ce qu'elle contient... ) Là je ne retrouve pas cette composante.
En même temps je n'ai pas vraiment d'expérience et je ne connais pas toutes ses facettes.

Je dirais qu'en 2012 je ne sais plus trop, mais je me souviens d'avoir été choqué par la composition.
Les brins noirs et l'odeur de pin brûlé (ça, c'est mon critère olfactif personnel) m'ont fait affirmer la présence de latakia.

Avec le recul, si ça n'en est pas, j'envisage facilement que le blender utilise des orientaux fumés qui ne méritent pas le nom de latakia pour telle ou telle raison.

Après tout pourquoi pas ? J'ai entendu parler d'ersatz de latakia à plusieurs reprises.

D'ailleurs je remarque une incohérence dans ma revue : j'identifie peu de brins de tabacs noirs (latakia ?), mais beaucoup de latakia en bouche et au nez... ce qui va dans le sens de l'hypothèse d'ersatz.

Merci pour vos revues croisées, Messieurs




Fait envie ce truc avec du rat crevé dedans ...




(PS : pour mon pif, relents de lapsang souchong équivaut à la présence de latakia : miam-miam)

M'ayant fait ramener une boîte de ce "midnight ride",je vais vous faire part de mon impression sur ce tabac.
Tout d'abord l'appellation "midnight ride",d'ou vient cette appellation?
Il faut remonter à la guerre d'indépendance américaine,ainsi qu'à la personne qui s'est illustrée en cette nuit du 18 avril 1775. Il s'agit de Paul Revere orfèvre de son état.
C'est dans la nuit du 18 avril que Paul Revere mais aussi William Dawes furent chargés par le Dr Joseph Warren de chevaucher de Boston à Lexington pour avertir les patriotes américains de l'avancée des troupes britanniques. 
Voilà un bref résumé historique expliquant l'appellation de ce tabac.
Pourquoi j'ai choisi ce tabac,ben parce que j'ai lu de bonnes critiques sur tobacco review,mais aussi parce qu'il y a du latakia dans ce mélange. Enfin c'est ce que j'ai lu dans tobacco review. Il me faut préciser que je suis devenu un latakia fan.
Une fois la boîte de 50 gr en ma possession,stupeur!!!
Je vois inscrit sur la boîte : "A spécial blend of selected oriental,virginia & périque". 
Point de latakia.
Bon ben que faire??
Le goûter of course.
J'ouvre la boîte,je penche mon museau au dessus de ce mélange,et je hume.
L'odeur me rappelle mes autres mélanges anglais au latakia,mais avec un petit côté sucré. Peut être que c'est le VA/PE ,mais il y a aussi ce côté fumé du latakia à moins que ce soit l'oriental qui donne ce côté fumé.
Puis comme dit plus haut,le latakia c'est aussi de l'oriental.
Quoi qu'il en soit,j'aime ce fumé même si je comprend que certains puissent dire que ça pue.
Samedi soir je me suis descendu un bol de Old Dublin,j'avais prévu pour dimanche un cigare mais ce midnight ride m'intriguait. Il m'intriguait au point que j'ai laissé la vitole dans son humidor,et je me suis fait un bol de "midnight ride". Bien m'en a pris.
Je fais sécher un peu le tabac dans un bol de porcelaine sur ma table de salon,je me calle dans ma banquette devant "la forme de l'eau" de Guillermo Del Toro..........et je reçois quelques effluves du parfum de ce mélange classé anglais. Hum je trouve cette odeur énivrante,j'aime et tant pis s'il n'y a pas de latakia.
L'heure est venue de remplir ma churchwarden la radica,puis d'embraser ce mélange. Pendant ce temps l'idylle se noue entre Elisa Esposito(très bien interprêtée par Sally Hawkins) et la créature aquatique. 
Les premières volutes m'enchantent,ça a du corps mais c'est aussi voluptueux,ça ne pique pas,ça a du fumé du bon fumé. J'adore ce tabac,même si une première dégustation ne suffit pas pour se faire une idée définitive.
Il est long en bouche,ce matin en me réveillant j'avais encore la délicate odeur de ce mélange sur mes doigts et dans ma cavité buccale tant ce tabac a tapissé mon palais.
En ferais je un résident permanent de ma cave??
Oh oui,et je pense même me faire ramener le sac de 250 gr.
Voilà pour mon ressenti.

PS: j'ai tenté de comparer l'odeur avec du HH vintage latakia,du Old Dublin,et du Davidoff royalty. Afin de voir ,olfactivement parlant, si je décèle du latakia dans ce "midnight ride". Difficile à dire,mais je décèle dans ce "midnight ride" un côté plus sucré voir liquoreux sans pour autant que ce soit un aromatique.
Et puis latakia ou pas,peu importe car je me suis régalé.

a mon tour, de gouter cela,
ouverture de la boite, ben je me croirais dans une écurie,  et je sais de  quoi je parle, pour avoir longtemps trainer dans les centres d'équitation odeur de foin et de crottins.
les brins clairs se détaches bien, et surtout cette odeur de périque qui domine...
bourrage et allumage simple grâce à la coupe fine... et les premières saveurs qui me viennent du riz cuit légèrement sucré en fin de bouche.
C'est costaud et ça me change des aros sucrés que je fume d'habitude... c'est acré par moment, mais ce ne pique pas.... et plus je fume et plus ce gout torréfié de noisette s'intensifie comme si en fin de bouche j'avais un craquant au noisette à la cassonade (pas caramel)...
C'est harmonieux et j'aime beaucoup, pas tous les jours...
mi bol c'est coté épicé qui prédomine tout en gardant la noisette....
fin de de bol ça tabasse un peu pour moi, pas habitué au périque... j'ia un peu plus de mal...
en résumé c'est vraiment très bon, même si à la fin c'est un plus raide.... J'aime cette harmonie entre le virginia, le périque et l'oriental...