Une Dunhill, sinon rien !

Le titre de mon post est volontairement provocateur, mais c'est ma nature. J'ai une vraie collection de pipes, des Saint-Claude, bien sûr, des italiennes, des danoises, mais surtout des Dunhill. Pourquoi ? Parce que ce sont les plus belles et pas seulement parce qu'elles ont un point blanc sur le tuyau. Parce qu'elles sont chères, très chères, trop chères ? Peut-être. Après tout, c'est un objet de luxe et on y réfléchit à deux fois avant d'en acheter une. On pèse le pour et le contre. On s'intéresse à la taille. On part sur une idée, on arrive à une autre. On s'intéresse à la forme et de la courbe rêvée on finit par acheter une droite. Tous les sens sont en éveil.

La Dunhill, c'est un choix de vie. Dans un monde uniformisé où le rapport à l'argent est ambigu, la Dunhill représente tout ce qu'on apprend à exécrer, le luxe le plus gratuit. Outre mon métier, je n'ai que deux passions, la pipe et les livres. Je ne parle pas de ma vie affective, elle est protégée par le mur de la vie privée. La littérature peut se satisfaire de la médiocrité du contenant. Un grand livre en format poche reste un grand livre. Ce n'est pas le cas pour la pipe. Il y a une savante alchimie entre la bouffarde, le tabac et le fumeur. Un petit monde d'éternelle cohabitation pour obtenir le plaisir. En un mot, pour assouvir mon vice, j'y ai laissé une fortune, vous l'avez compris.

J'ai de très belles pièces, mais, comme un garnement, il m'arrive encore d'aller sur le Net, à la recherche d'une nouvelle, d'une forme ou d'une finition que je n'ai pas encore ou pour en trouver une qui sera la soeur de celle que j'ai déjà, parce que chaque Dunhill est unique. Il faut le savoir. L'une sera plus riche en bois que l'autre, sa Bruyère ne sera pas cirée à l'identique, etc.

Du snobisme, me direz-vous. Peut-être, et alors ? Je ne fais de mal à personne. Je m'offre du plaisir et la quasi certitude d'avoir une vraie bonne compagne pour mes fumeries nombreuses et continuelles. J'aime les pipes classiques et là, je suis gâté. Leur ligne dépasse le temps et les modes.

Depuis quelque temps, je recentre ma collection pour n'avoir que des Groupes 5 ou 6 avec une préférence pour les Bruyère, une des lignes de Dunhill, comme il y a les County ou les Ambert Root. Comme je ne suis pas Crésus et que j'aime par dessus tout qu'une pipe ait une vie de pipe, je trouve aux plus petites des maisons d'accueil aimantes. Tout ça pour en trouver (acheter) d'autres, de plus en plus classiques. On ne se refait pas. Et puis, on est toujours à la recherche du Graal. Certains sont persuadés que le tabac fait tout. Je pense, au contraire, que c'est la pipe qui fait tout, après, en terme de tabac, certains sont meilleurs que d'autres, une simple question de goût.

Je suis sûr que mes propos vont en choquer quelques uns qui chercheront à me convaincre que la Dunhill, ce n'est qu'un cher, très cher, point blanc. Passez votre chemin, béotiens   Et pourtant, mon post ne serait pas honnête si je n'avouais pas que certains maitres pipiers font un travail en tout point remarquable (au regard de mes goûts). Ma dernière acquisition me le prouve et je sais qu'elle sera une compagne comme je les aime. Je sais aussi qu'une famille la rejoindra, ne serait-ce que pour confirmer et confirmer encore cette impression.

Vais-je maintenant abandonner ma recherche es-Dunhill ? Certainement pas. J'ai le virus. Mais, je n'ai pas le sentiment de les tromper avec des filles de mauvaise vie. Mes infidélités ont de la classe, des lignes épurées, des bruyères flamboyantes,...

Pourquoi parler de Dunhill dans la rubrique des débutants, parce qu'au fond ce n'est pas une pipe de débutant (quoique... avec une Dunhill, on est sûr de ne pas la bruler, elle ne craint même pas la surchauffe puisqu'il suffit de la laisser refroidir, parce qu'elle vous restera toute la vie), mais tout débutant doit tendre vers l'achat d'une Dunhill, des estates d'abord (peut-être, même si le charme est moindre), des neuves ensuite. La Dunhill, c'est un mode de vie, une façon de refuser la médiocrité ou seulement la morosité, une manière de rêver, on est tous un peu Gatsby le magnifique !

Ce matin, j'ai vu une Bent Pot, une Bruyère, une groupe 5 riche en bois. J'hésite encore. Je vous laisse, il faut que je retourne la voir, elle est belle comme le péché. Un tour aussi sur mes comptes, histoire de me donner bonne conscience.  

little smoke a écrit:

Je partage grandement ton attrait pour le "point blanc" comme disent certains (en estate ou pas!), mais j'étends cette attirance marquée aux "grandes maisons anglaises" avec comme tu dis si bien ce classicisme indémodable  ! Cette fascination pour ces pipes costaudes, solides, riches en bruyère mais classes, sobres... Et ces derniers temps, comme tu as pu le constater, les Ashton ont toute mon attention  ! 

J'en ai quelques unes... bien sûr.  

Je comprend ton engouement pour la marque Dunhill en tant que marque , car moi même je suis un peu pareil avec les Péterson . Je trouve la forme de ces pipes tellement merveilleuse et de bonnes fumeuses.

Pour revenir au Dunhill , les pipes sont chères en effet, mais sont-elles d'excellentes fumeuses pour autant ? Moi je veux bien payer une pipe Dunhill 500 euros mais il faut qu'elle soit d'une esthétique parfaite et d'un tirage sans faille . Est-ce le cas à chaque fois ?

Zut, ça aussi tu as  !

'Faudra nous dire ce que tu n'as pas, ce sera plus simple, car tout ça me fait  !

Je trouve les Ashton sublimes et le goût du tabac y est extraordinairement rendu  !

CEDLAP a écrit:Je comprend ton engouement pour la marque Dunhill en tant que marque , car moi même je suis un peu pareil avec les Péterson . Je trouve la forme de ces pipes tellement merveilleuse et de bonnes fumeuses.

Pour revenir au Dunhill , les pipes sont chères en effet, mais sont-elles d'excellentes fumeuses pour autant ? Moi je veux bien payer une pipe Dunhill 500 euros mais il faut qu'elle soit d'une esthétique parfaite et d'un tirage sans faille . Est-ce le cas à chaque fois ?

Je n'ai jamais eu de mauvaises surprises. Dans le domaine du meilleur, certaines sont meilleures que meilleures. Je n'ai connu qu'un fumeur de Dunhill (il n'en avait qu'une, le pauvre   ) qui faisait du jus. Un défaut de nettoyage, un point c'est tout. Avec une Dunhill, le fumeur est toujours responsable.

Un beau plaidoyer pour les Dunhill et superbement écrit d'autant que je ne suis pas amateur de la marque mais au moins je comprends maintenant mieux les motivations des amateurs de ces pipes au point blanc.  Merci Siramy:cc11:

Siramy a écrit:
La littérature peut se satisfaire de la médiocrité du contenant. Un grand livre en format poche reste un grand livre. Ce n'est pas le cas pour la pipe. Il y a une savante alchimie entre la bouffarde, le tabac et le fumeur.
  

C'est le seul point avec lequel je ne suis pas en accord avec tes dires, Siramy.

Quoi que tu fasses, il est essentiel de ne pas accepter la médiocrité.
C'est ce que je répétais à mes fils.

Il y a aussi une alchimie entre le livre, l'écrit et le lecteur.

Sinon, fort beau texte à l'excellente écriture.

little smoke a écrit:

Je partage grandement ton attrait pour le "point blanc" comme disent certains (en estate ou pas!), mais j'étends cette attirance marquée aux "grandes maisons anglaises" avec comme tu dis si bien ce classicisme indémodable  ! Cette fascination pour ces pipes costaudes, solides, riches en bruyère mais classes, sobres... Et ces derniers temps, comme tu as pu le constater, les Ashton ont toute mon attention  ! 

Je n'ai ni Dunhill ni Ashton (mais je refume depuis peu et en outre pas beaucoup…) mais tu m'as fait découvert les Ashton et j'avoue avoir un gros faible pour elles...

Très beau plaidoyer pour la marque au point blanc !    Et si je suis encore novice dans le "vrai" monde de la pipe, j'avais déjà la même attitude que toi lors d'achat d'armes de collection ou de livres anciens et bientôt, je le pense, pour les bouffardes également. (Pas la church Peterson, Yvain, pense à ton porte-feuille !!!   )

Yvain a écrit:T (Pas la church Peterson, Yvain, pense à ton porte-feuille !!!   )

Je crois savoir qu'elle n'est plus disponible   ...

Félicitation !    Et bon choix, de toute façon je ne l'aurais pas prise vu l'état générale de mes finances !  

Cher Siramy, j'aime toujours autant ta plume. Plus que du snobisme dont tu t'accuses toi-même - avec un rien de coquetterie me semble-t-il - j'ai envie de voir dans ton amour du point blanc la revendication d'un certain dandysme. Il est vrai que je partage ton attrait pour la classe discrète des Dunhill et l'attention extrême portée à leurs finitions. C'est un luxe, mais un luxe qui n'est pas tapageur; un luxe perceptible uniquement par des initiés (assez rares si l'on en juge par la proportion d'amateurs de pipes dans la population). 
Ceci dit, et j'avoue là mon snobisme personnel, j'ai une certaine tendance à préférer, à l'aura de la marque, la signature de l'artisan. Non, comme tu le sais, que je rejette les Dunhill. J'en ai trois, dont une que tu as bien connue et qui, en ce moment ne me quitte plus. Je les ai d'ailleurs toutes achetées en estate; je préfère presque: elles ont une histoire et plusieurs vies parfois. Cela leur confère, à mes yeux, un supplément d'âme et un peu de mystère 
De toute manière, comme tout ce les objets qui relèvent à la fois du superflu et du goût, nos pipes sont des fétiches, qu'on peut investir symboliquement  (et affectivement) de mille façons. Et c'est ce qui donne tant de richesses aux discussions de ce manoir!

Ciel, je suis cerné, mis à jour, dévoilé. 

Au fond, je revendique l'amour du beau... au point d'en faire ma raison de vivre. Un certain dandysme, oui sûrement. Je comprends l'attention portée aux pipes d'artisans. Je le partage, mais les Dunhill tendent vers quelques chose de particulier, une sorte de perfection. Je n'ai jamais réussi au bout de quelques années d'expérience   à trouver un défaut sur une Dunhill. 

Par ailleurs, même si elles appartiennent à la même "série", au même groupe, elles sont différentes. La bruyère, qui souvent se devine, est différente. La taille et même la forme sont différentes. Un peu le parent de jumelles ou de triplées, je les reconnais et j'appelle chacune par son prénom.

Pour terminer sur le sujet, je crois que le pire des snobismes est de dire "je n'aime pas les Dunhill". Mais, entre le Mac Do et le restaurant multi étoilé, il y a d'excellentes, pour ne pas dire remarquables, tables. Ce n'est pas pour rien que je me suis fendu d'un petit post sur ma première M. Elle côtoie sans rougir mes plus belles pièces. Bien sûr, je m'offrirai encore des Dunhill, mais peut-être moins souvent et ce, grâce au forum, je dois bien l'avouer. Je suis curieux de nature.  

ah les dunhill, j en possede une et vieille de 40 ans et j en suis super content et plus le temps passe plus j ai envie de m en reprendre une, elles sont tellement de bonne fumeuse et puis comme tu dis d un classique indémodable.
ah fin d année peut etre  une belle droite pourquoi pas   

en tout cas ton addiction aux dunhill reconforte mon opinion sur cette marque et je rejoins cette malheureuse constatation comme quoi dunhill est bien trop cher pff.
mais heureusement il existe les compagnions de l estat et cela donne l acces a cette marque prestigieuse merci les gars pour le boulot que vous fournissez...

encore un super texte bien provocant de siramy ouais!!! j adore 

Stavroguine a écrit:Cher Siramy, j'aime toujours autant ta plume. Plus que du snobisme dont tu t'accuses toi-même - avec un rien de coquetterie me semble-t-il - j'ai envie de voir dans ton amour du point blanc la revendication d'un certain dandysme. Il est vrai que je partage ton attrait pour la classe discrète des Dunhill et l'attention extrême portée à leurs finitions. C'est un luxe, mais un luxe qui n'est pas tapageur; un luxe perceptible uniquement par des initiés (assez rares si l'on en juge par la proportion d'amateurs de pipes dans la population). 
Ceci dit, et j'avoue là mon snobisme personnel, j'ai une certaine tendance à préférer, à l'aura de la marque, la signature de l'artisan. Non, comme tu le sais, que je rejette les Dunhill. J'en ai trois, dont une que tu as bien connue et qui, en ce moment ne me quitte plus. Je les ai d'ailleurs toutes achetées en estate; je préfère presque: elles ont une histoire et plusieurs vies parfois. Cela leur confère, à mes yeux, un supplément d'âme et un peu de mystère 
De toute manière, comme tout ce les objets qui relèvent à la fois du superflu et du goût, nos pipes sont des fétiches, qu'on peut investir symboliquement  (et affectivement) de mille façons. Et c'est ce qui donne tant de richesses aux discussions de ce manoir!

Tout cela est très bien dit cher Stavroguine, merci  !

Peut-être que c'est mon manque de moyens qui me fait dire ça, mais je préfère largement une pipe faite par un artisan comme Pierre Morel, Pascal Piazzola, Sébastien Beaud, etc (je sais, ce n'est pas le même niveau) qu'industriellement. Quel que soit le prestige de la marque.
Mettre 250 € chez un artisan ne me dérange pas, les mettre chez un industriel me dérange plus. Peu importe son nom. Alors plus de 500 € !
Cela dit, je ne conteste aucunement la qualité des Dunhill (puisque c'est ici le sujet)

Ah les Dunhill, on pourrait en écrire des livres et des livres.
Considérées souvent comme l'archétype du snobisme en matière de pipes, c'est vrai elles sont chères, et conservent une belle valeur en estate.  Je n'en ai jamais achetées de neuves, je veux dire par là en 1e main car oui, il y a des estates neuves jamais fumées mais le geste n'est pas le même, et le prix non plus.

Valent-elles ce prix?  Une chose est sûre, je n'en ai pas encore vues qui avaient des défauts dans le bois, sélection oblige, on a au moins cette assurance.

Par contre,...

Siramy a écrit:Pourquoi parler de Dunhill dans la rubrique des débutants, parce qu'au fond ce n'est pas une pipe de débutant (quoique... avec une Dunhill, on est sûr de ne pas la bruler, elle ne craint même pas la surchauffe puisqu'il suffit de la laisser refroidir, parce qu'elle vous restera toute la vie),

ça dépend toujours de celui qui la traite, j'en veux pour preuve ce genre de massacre :


Cela dit, les Dunhill restent bon marché à côté de pipes d'artisan illustres, les Sven Bang originales se chiffrent en plusieurs milliers d'euros neuves...

Et Dunhill ou pas, il y a des pipes qui souffrent de maltraitances si elles ne sont tout simplement pas conservées dans de bonnes conditions, la Black Briar suivante est restée trop longtemps à l'humidité, la couche de teinture qui la couvrait a montré des gonflements hirsute bien laids, j'ai craint un moment qu'il s'agissait de sandpits :


La suite m'a heureusement prouvé le contraire :


N'oublions pas que chères ou pas, toutes les Dunhills récentes sont en majorité produites industriellement... et les têtes ont été pendant un bon moment prétournées à Saint-Claude...

j imagine que la première est réellement foutue a moins que tu sois un magicien par contre la deuxième encore un super boulot je suis épaté .
 et donc chez dunhill ont a une selection du bois irréprochable! donc on ne devrait pas rencontrer de mastic chez dunhill 

N'oublions pas que chères ou pas, toutes les Dunhills récentes sont en majorité produites industriellement... et les têtes ont été pendant un bon moment prétournées à Saint-Claude...


Voilà une remarque bien juste mon cher Ligthmyfire, chacun son truc, je trouve que certaines sont belles, mais ça vaut pas ce prix là.  Après chacun fait ce qu'il veut.

miagy a écrit:j imagine que la première est réellement foutue a moins que tu sois un magicien par contre la deuxième encore un super boulot je suis épaté .
 et donc chez dunhill ont a une selection du bois irréprochable! donc on ne devrait pas rencontrer de mastic chez dunhill 

Non pas de mastic chez Dunhill, et extrêmement rare chez les anglaises en général!

      a nous les petites anglaises dans ce cas

Lightmyfire a écrit:Ah les Dunhill, on pourrait en écrire des livres et des livres.
Considérées souvent comme l'archétype du snobisme en matière de pipes, c'est vrai elles sont chères, et conservent une belle valeur en estate.  Je n'en ai jamais achetées de neuves, je veux dire par là en 1e main car oui, il y a des estates neuves jamais fumées mais le geste n'est pas le même, et le prix non plus.

Valent-elles ce prix?  Une chose est sûre, je n'en ai pas encore vues qui avaient des défauts dans le bois, sélection oblige, on a au moins cette assurance.

Par contre,...

Siramy a écrit:Pourquoi parler de Dunhill dans la rubrique des débutants, parce qu'au fond ce n'est pas une pipe de débutant (quoique... avec une Dunhill, on est sûr de ne pas la bruler, elle ne craint même pas la surchauffe puisqu'il suffit de la laisser refroidir, parce qu'elle vous restera toute la vie),

ça dépend toujours de celui qui la traite, j'en veux pour preuve ce genre de massacre :


Cela dit, les Dunhill restent bon marché à côté de pipes d'artisan illustres, les Sven Bang originales se chiffrent en plusieurs milliers d'euros neuves...

Et Dunhill ou pas, il y a des pipes qui souffrent de maltraitances si elles ne sont tout simplement pas conservées dans de bonnes conditions, la Black Briar suivante est restée trop longtemps à l'humidité, la couche de teinture qui la couvrait a montré des gonflements hirsute bien laids, j'ai craint un moment qu'il s'agissait de sandpits :


La suite m'a heureusement prouvé le contraire :


N'oublions pas que chères ou pas, toutes les Dunhills récentes sont en majorité produites industriellement... et les têtes ont été pendant un bon moment prétournées à Saint-Claude…

La 1ère, c'est vrai qu'elle fait mal à voir...

Je ne comprends même pas comment quelque chose comme ça peut arriver, j'ai pourtant traité ma première pipe en vrai sauvage mais elle n'était même pas prêt de cet état !

Idem, écoeurant  !