L'humidité dans le fond du bol, point de vue d'un chimiste

Une petite remarque de biologiste/chimiste.

En parcourant le forum, j'ai beaucoup lu que l'humidité au fond du bol venait soit d'un tabac trop humide (mais en général on s'en rend vite compte car il faut rallumer toutes les deux minutes) soit de la salive qui dégouline dans le tuyau.

Il y a une explication que je n'ai pas vue (elle a peut-être déjà été évoquée, je n'ai pas lu tous les sujets de tout le forum) et qui est pourtant très importante (et possiblement prédominante), la chimie.

L'équation générale de combustion de la matière organique (que ce soit des plantes ou du pétrole) est la suivante :
CH2O + O2 => CO2 + H2O

Cela signifie que pour chaque carbone que vous oxydez, vous libérez une molécule d'eau. Vu la température, c'est sous forme de vapeur qu'elle sera dégagée au niveau du foyer de combustion, mais en aspirant cette vapeur à travers le bol, elle va imprégner les couches de tabac inférieures. Et plus votre fourneau sera profond, plus cet effet sera marqué.

Vous pouvez faire le test en passant une flamme bleue sur du verre (surtout pas la flamme jaune d'un briquet, c'est une combustion incomplète qui fera des dépôts noirs), vous verrez que de la buée se forme immédiatement.

La meilleure parade est de fumer lentement afin que l'eau qui s'est imprégnée dans les couches inférieures ait le temps de s'évaporer. C'est la raison pour laquelle les débutants (ou moins débutants) se retrouvent très souvent avec un peu de tabac au fond du bol qu'ils n'arrivent pas à brûler quoiqu'il fassent et galèrent pour culotter correctement, car il est gorgé d'eau de combustion, à laquelle il faut ajouter un peu de salive.

Merci beaucoup pour cette explication !

Encore débutant quelque part, je m’astreins à une discipline de fer pour fumer encore plus lentement, et d’autant plus mes aros, tout en les laissant s’aérer une heure ou deux en fonction.

Mais ce petit rappel de chimie, qui pour un prof de lettres ramène à quelques mauvais souvenirs, mais clairement présenté, ne fait pas de mal !

Bon dimanche et belles volutes !

J’avais déja évoqué cette réaction chimique de combustion, et je pense que la quantité d’eau produite est bien plus importante que l’eau contenue dans un tabac humide.

C’est pouquoi, lorsqu’on fume un tabac sec il se réhumidifie naturellement lors du fumage.

Je pense aussi que l’évolution du goût du tabac lorsqu’on arrive à mi bol est grandement due à l’augmentation de cette humidité comme avec beaucoup de virginias.

Popeye Magritte a écrit:J’avais déja évoqué cette réaction chimique de combustion, et je pense que la quantité d’eau produite est bien plus importante que l’eau contenue dans un tabac humide.

C’est pouquoi, lorsqu’on fume un tabac sec il se réhumidifie naturellement lors du fumage.

Je pense aussi que l’évolution du goût du tabac lorsqu’on arrive à mi bol est grandement due à l’augmentation de cette humidité comme avec beaucoup de virginias.

Je plussoie, donc d’où une bonne prépa (aération et séchage) avant de fumer et surtout y aller doucement...

Popeye Magritte a écrit:J’avais déja évoqué cette réaction chimique de combustion, et je pense que la quantité d’eau produite est bien plus importante que l’eau contenue dans un tabac humide.

L'équation est très simplifiée, mais en gros pour 3g de tabac fumé il y a 1,8g d'eau produite.

Merci ZZR (tiens, un lien avec la Kawa ?)!

Je me se que c'est finalement l'explication la plus rationnelle, merci beaucoup

Pierrot Gourmand a écrit:Merci ZZR (tiens, un lien avec la Kawa ?)!

Absolument, c'est mon fidèle destrier
A la base mon pseudo était Zunzun, j'ai rajouté le R quand j'ai eu la bestiole.

A noter qu'en plus de l'eau de combustion, il y a bien sûr l'eau de l'humidité du tabac, qu'on conserve aux alentours de 70% d'hygrométrie. Je ne sais pas exactement à quel taux d'humidité cela correspond pour le tabac et je n'ai pas de silicagel sous la main, je vous dirais ça dès que j'en pique au boulot.

Mais je pense qu'on peut aisément partir sur une base de 1g de tabac brûlé = quasiment 1g d'eau libéré dans des conditions de fumage idéales.

J'ai retrouvé une petite bourse de silicagel dans mon sac à appareil photo, donc voici les résultats après 30mn de déshydratation (largement suffisante vu la quantité de silicagel) :

Pour 1g de tabac conservé à 72% d'hygrométrie (Boveda + hygromètre) et brassé régulièrement :
Pesée à l'entrée = 1.000g
Pesée à la sortie = 0.821g

Masse molaire CH2O = 30g
Masse molaire H2O = 18g
30/18 = 0.6

1-0.82 = 0.18g d'eau contenue dans le tabac.
0.82*0.6 = 0.49g d'eau produite lors de la combustion.

0.18 + 0.49 = 0.67g d'eau dégagée pour 1g de tabac frais


Évidemment c'est à une vache près, c'est pas une science exacte.

Comme Popeye le pensait, c'est bien l'eau de combustion qui est très largement prédominante et on ne peut donc rien y faire à part, et c'est de toute façon une règle pour fumer la pipe, fumer le plus lentement possible et espacer les bouffées afin qu'une partie de l'eau sorte naturellement du haut fourneau par contact avec la braise.

Il faut noter que la combustion n'est pas complète : il y a libération de monoxyde de carbone, et si tout le carbone brûlait on ne pourrait pas culotter. Mais je pense qu'à ce stade c'est du pinaillage.

Voilà voilà, j'espère que mes "talents" de chimiste vous auront aidés à mieux comprendre d'où vient toute cette flotte

C'est vraiment génial, merci énormément pour ces explications claires

Merci beaucoup pour toutes ces précisions !

Merci encore pour toutes ces précisions ZZR (et vive la moto !)

Un grand merci pour ce fil

Merci ZZR  

Donc en cas de sécheresse cet été, Messieurs, tous à vos pipes et FUMONS !!

Vachement intéressant. Voilà de la chimie bien expliquée et traduite! Merci !

Bonjour
très intéressantes toutes ces précisions donc un grand merci!
Sinon effectivement fumer lentement permet de limiter ce glou glou et de faire trop chauffer le fond de la pipe.
Mais on peut aussi souffler dans sa pipe, manœuvre qui peut paraitre choquante à certains, mais qui permet de réguler la température et d'éviter cette trop forte (rapide) combustion.
On ne le fait évidemment qu'une fois de temps en temps préventivement ou bien quand on commence à se bruler les doigts !
On produit ainsi un petit nuage de fumée qui permet de humer les subtilités de notre tabac, ce qui est un plus appréciable

Fandepipes a écrit:Bonjour
très intéressantes toutes ces précisions donc un grand merci!
Sinon effectivement fumer lentement permet de limiter ce glou glou et de faire trop chauffer le fond de la pipe.
Mais on peut aussi souffler dans sa pipe, manœuvre qui peut paraitre choquante à certains, mais qui permet de réguler la température et d'éviter cette trop forte (rapide) combustion.
On ne le fait évidemment qu'une fois de temps en temps préventivement ou bien quand on commence à se bruler les doigts !
On produit ainsi un petit nuage de fumée qui permet de humer les subtilités de notre tabac, ce qui est un plus appréciable

Je souffle régulièrement dans ma pipe en cours de fumage, je ne trouve pas que ça refroidit mais ça entretient la combustion et chasse l’humidité

Le taux de bourrage doit donc avoir aussi un impact, d'où l'importance d'essayer de faire attention. S'il est trop dense, le tabac produira encore plus d'humidité dans le foyer puisque la quantité est plus grande que normale ou nécessaire.

Je ne suis pas sûr d'avoir compris tout ce qu'l faut faire pour fumer la pipe.
Tant pis, je vais encore essayer.
Tiens, ma maïs avec un petit bol de Carolina pour voir.
Elle me tiendra bien compagnie jusqu'à ce que j'aille me coucher.
Dès que je vous quitte je rejoins Nexus. Pas celui de Miller l'autre.
Bonne soirée, bonne nuit ou bonne journée... ou les trois